SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

vendredi 9 décembre 2011

Agressés après la manif anti-Gollnisch, ils portent plainte


Deux types descendent d'une moto. Ils frappent avec leurs casques, en plein jour dans le centre ville de Lyon, deux manifestants revenant de la protestation contre le retour de Bruno Gollnisch à l'université Lyon-III, le 14 septembre. Les agresseurs ont agi devant les caméras d'une banque et se sont enfuis sans leur moto. Une plainte a été déposée.


Au départ, il y a une petite manif contre Gollnisch. Des étudiants étaient venus protester, mercredi 14 septembre, contre le retour du député européen Front national - après six ans d'absence pour cause de démêlés judiciaires - à l'université Jean Moulin Lyon-III.
Peu après la manifestation, deux individus déboulent à moto et frappent avec leurs casques deux manifestants partis boire un coup. La scène est filmée par les caméras d'une banque. Une plainte a été déposée et devrait permettre de mettre des visages sur les agresseurs. Le tout dans un contexte lyonnais (assaut de kebab, “marche des cochons”…) où les agressions imputées à l'extrême droite semblent se multiplier, comme nous le décrivions déjà en juin dans notre article "Identitaires, skins : la face noire de Lyon".
Le grand retour de Bruno Gollnisch
Cette manifestation anti-Gollnisch avait été lancée par plusieurs associations et groupes politiques (PCF, Unef, Confédération étudiante, UEJF, SOS racisme, la Licra…). Environ deux cents étudiants s'étaient réunis avec drapeaux et bannières. Sont brandis par-ci par-là, une main jaune de "Touche pas à mon pote", un drapeau de la paix ou encore un drapeau communiste. Venus maintenir l'ordre, des CRS, policiers et RG empêchent qu'un début d'altercation ne dégénère avec des militants d'extrême droite. Une vingtaine d'entre eux étaient venus soutenir Bruno Gollnisch et scander au passage "la France aux Français". Parmi eux, deux exclus du FN :Alexandre Gabriac, élu de l'Isère et Yvan Benedetti, conseiller municipal de Vénissieux.
Ce mercredi était le jour du grand retour de Bruno Gollnisch. Six ans que la faculté ne bénéficiait plus des cours de langue et de civilisation japonaises du candidat malheureux à la présidence du FN, en janvier dernier. Cause de cette absence : des démêlés judiciaires pour avoir tenu des propos controversés sur les chambres à gaz. Condamné pour "contestation de crimes contre l'humanité" en première instance et en appel, la Cour de cassation a finalement cassé ce jugement en 2009. Bruno Gollnisch venait donc donner son premier cours magistral de la rentrée.
"Fascistes, cassez vous !"
Vers 17h40, une fille et deux garçons descendent le cours Gambetta. Ils reviennent de la manifestation, l'un d'eux a encore dans sa main un drapeau. Ils vont boire un coup, mais n'ont rien dans les poches. Ils s'arrêtent pour retirer de l'argent. Tout à coup - c'est le cas de le dire - les deux garçons reçoivent un violent coup de casque, l'un sur le crâne, l'autre derrière la nuque. Se retournant, ils se trouvent face à deux "gars aux cheveux courts", vêtus de noir, avec leur casque à la main.
Le porteur de l'étendard, appelons-le Thomas, les tient alors à distance avec le bâton de son drapeau en criant "Fascistes, cassez-vous !" Au départ menaçants, les deux motards commencent à s'inquiéter du barouf et des appels à la police, ils s'enfuient vers leur bécane, style motocross. Dans la panique, ils abandonnent finalement l'engin sur place et détalent à pied.
Membre du collectif 69 de vigilance contre l'extrême droite, Thomas se dit étonné de ce mode opératoire "extrêmement lâche".
"Ils nous ont agressés en plein jour, devant les caméras d'un DAB (distributeur automatique de billet) en ôtant leur casque et en laissant leur moto derrière eux… Du coup, j'ai pu reconnaitre l'un d'eux qui était présent une heure avant dans le petit groupe d'extrême droite venu soutenir Gollnisch."
Le soir même, les deux manifestants agressés sont allés porter plainte. L'hôpital a délivré cinq jours d'interruption temporaire de travail (ITT) au garçon ayant reçu un coup derrière la nuque et deux jours d'ITT pour le second. L'un d'eux a reconnu l'un de leurs agresseurs sur les photos présentées par la police. Il s'agissait du propriétaire de la moto délaissée. Un procès devra permettre de confirmer - ou non - l'appartenance des motards fuyards à une organisation d'extrême droite.
Geoffrey Le Guilcher
Les Inrocks : Agressés après la manif anti-Gollnisch, ils portent plainte

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