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mercredi 24 novembre 2010

Taux d’emploi des Français selon l’origine des parents : une étude de l’Insee met en évidence des écarts inexpliqués

Dans l’édition 2010 de son « portrait social de la France », l’Insee livre d’édifiants résultats sur les écarts de taux d’emploi selon l’origine des parents. Trois chercheurs, Romain Aeberhardt, Élise Coudin et Roland Rathelot, ont examiné les données recueillies sur plusieurs dizaines de milliers de ménages dans le cadre de l’enquête Emploi en continu (EEC) menée par l’Institut de 2005 à 2009, et ils ont étudié le taux d’emploi des Français selon leur sexe et l’origine de leurs parents.
Premier constat : « le taux d’emploi des Français de parents originaires du Maghreb (56 % pour les femmes et 65 % pour les hommes) est beaucoup plus faible que celui des Français de parents nés français (74 % pour les femmes et 86 % pour les hommes). » En revanche, « les Français dont au moins l’un des parents est originaire d’Europe de l’Est, du Nord ou du Sud ont quant à eux des taux d’emploi plus proches de ceux des Français de parents français de naissance. »
Une partie de ces écarts peut être expliquée : « ces différences de statut sur le marché du travail sont en partie dues à des différences de niveaux moyens de compétences, essentiellement celles qui s’acquièrent avec l’expérience professionnelle et les études » font remarquer les chercheurs. Il faut notamment garder à l’esprit que « les Français de parents originaires d’Europe de l’Est sont en moyenne plus âgés et ont donc en moyenne nettement plus d’expérience sur le marché du travail que les Français de parents nés français » et, qu’à l’inverse « ceux qui ont des parents venus du Maghreb en ont au contraire nettement moins. » Par ailleurs, « les Français de parents venus d’Europe du Sud et du Maghreb sont moins souvent diplômés du supérieur. »
Les chercheurs se sont donc attachés à étudier plus précisément la part des écarts de taux d’emploi qui peut être expliquée par de telles caractéristiques individuelles (diplôme, expérience professionnelle, situation familiale, salaire du conjoint, lieu de résidence). Ils remarquent alors que la prise en compte de ces critères n’explique qu’un tiers du déficit d’emploi des Français descendants d’immigrés maghrébins : « pour les femmes (resp. les hommes) de parents maghrébins, seuls 8 des 18 points [d'écarts de salaire] (reps. 7 des 21 points) sont expliqués par des écarts d’âge, de diplômes et des autres caractéristiques (situations familiale et géographique, catégories socioprofessionnelles des parents) : la part inexpliquée de l’écart de taux d’emploi pour les femmes d’origine maghrébine est ainsi d’environ 55 % ; elle est de 67 % pour les hommes. » D’autres différences s’observent entre les hommes et les femmes. Par exemple, « chez les hommes enfants d’immigrés maghrébins, les écarts inexpliqués de taux d’emploi sont d’autant plus faibles que les caractéristiques individuelles sont favorables à l’insertion, mais pas chez les femmes » : le niveau de diplôme réduit ainsi ces écarts « inexpliqués » chez les hommes, mais moins chez les femmes, qui subiraient donc plus durement les effets d’un plafond de verre. Les jeunes diplômés enfants de parents immigrés d’origine maghrébine ont également plus de difficultés d’accès à l’emploi.
« L’intégralité de ces écarts ne relève pour autant pas nécessairement de discrimination » prévient l’Insee, en citant d’autres facteurs : « accès à des réseaux informels véhiculant des offres d’emploi, contraintes plus ou moins fortes pour accepter un emploi, faculté de s’exprimer dans différents niveaux de langue, de se présenter à l’employeur selon les normes que celui-ci attend, etc. » À l’inverse, même si la part inexpliquée du taux d’emploi diminue avec le diplôme, surtout pour les hommes, il ne faut pas conclure que le niveau d’étude protège contre la discrimination : celle-ci serait statistiquement moins visible du fait que les plus diplômés, plus « employables », reçoivent plus d’offres d’emploi et surmontent donc mieux une discrimination dont ils font quand même l’expérience.
Sans pouvoir quantifier précisément la part de discrimination que subissent les enfants d’immigrés maghrébins, cette étude démontre en tout cas que son existence est indéniable.
http://www.infos-discriminations.fr/2010/11/taux-demploi-des-francais-selon-lorigine-des-parents-une-etude-de-linsee-met-en-evidence-des-ecarts-inexpliques/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+LeBlogDeLaLutteContreLesDiscriminations+%28Le+blog+de+la+lutte+contre+les+discriminations%29&utm_content=Google+Feedfetcher

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