Le Comité pour la mesure de la diversité et l’évaluation des discriminations a rendu aujourd’hui son rapport avec près de 7 mois de retard. 7 mois pour travailler ou pour faire passer la pilule ?
La question se pose légitimement face aux recommandations du Comedd qui en substance consistent à généraliser et systématiser dans les statistiques publiques et dans les fichiers des entreprises la collecte de données relatives à l’origine des personnes.
Premier étonnement de la part des acteurs de la lutte contre les discriminations : Quelle est l’utilité de collecter systématiquement, par l’Etat ou par les entreprises, la nationalité et le lieu de naissance des parents ?
Le Comedd cache mal son agenda qui s’inscrit dans une logique de comptage segmenté de la population et pas dans une logique de lutte contre les discriminations. A l’heure du débat sur l’identité nationale qui a au moins pour avantage de révéler la volonté du gouvernement de placer sur le terrain identitaire et non pas celui de la lutte contre les discriminations les questions du vivre ensemble, le rapport du Comedd vient démontrer une nouvelle fois l’absence totale de volonté politique d’éradiquer les discriminations.
Dans le contexte délétère actuel du débat sur l’identité nationale est-il bien judicieux d’intégrer des données sur la nationalité et le lieu de naissance des parents qui de l’aveu même du Comedd, pour être exploitées dans le recensement et dans les fichiers de gestion du personnel, feront l’objet de « regroupement par nationalités » qui « se situe nécessairement dans le registre de l’ethno-racial » ?
C’est un débat qui engage l’ensemble de la société et il ne saurait être tranché par un Comité réduit dont la composition tronquée a laissé sur la touche les universitaires, les acteurs associatifs travaillant depuis de nombreuses années sur la question.
Par ailleurs, SOS Racisme tient à rappeler que, contrairement à ce qui est sous entendu dans ce rapport, de très nombreuses études réalisées dans le cadre actuel existent sur le sujet et le défaut de connaissance n’est pas lié à la nature des données pouvant être collectées par les chercheurs mais par le sous financement chronique de la recherche en science sociale.
La réalité à laquelle les pouvoirs publics doivent répondre, c’est celle de discriminations majeures et flagrantes. Des discriminations contre lesquelles un très grand nombre d’instruments pourraient être adoptés très rapidement mais qui n’ont toujours pas vu le jour : actions de groupe, dommages punitifs, délit de préemption discriminatoire, sRapport du Comedd - SOS-Racisme - Touche pas à mon pote !: "Rapport du Comedd"
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