Pour la seconde fois en un peu plus de deux semaines, François Fillon a remplacé Nicolas Sarkozy dans l'exercice d'un délicat discours. Cette fois, il ne risquait pas d'être conspué, comme au congrès des maires. Le colloque organisé par le très libéral Institut Montaigne ne s'y prêtait guère. C'est le thème qui s'avérait glissant, puisqu'il s'agissait de l'identité nationale. Le grand débat lancé par Éric Besson et voulu par Nicolas Sarkozy est en effet en train de se retourner contre ses auteurs : dérapages observés dans les réunions organisées par... les préfets, divisions de la majorité, sondages laissant craindre une remontée du Front national aux prochaines élections régionales.
En retrait
Nicolas Sarkozy, qui avait prononcé un discours sur l'identité nationale le 12 novembre dernier dans la Drôme (le département d'Éric Besson), préfère donc depuis cette date rester en retrait. Il avait déjà esquivé le sujet devant le conseil national de l'UMP samedi dernier. Il a prétexté un voyage express à Londres, prévu hier, pour se décommander à l'Institut Montaigne. Voyage finalement annulé pour cause de tension franco-britannique... C'est néanmoins François Fillon qui a remplacé le chef de l'État. Mais, promis, celui-ci s'exprimera dans les prochains jours sur la question des minarets, et il devrait conclure, début février, le grand débat sur l'identité nationale.
Comme à son habitude, le Premier ministre a prononcé un discours (de trois quarts d'heure) plutôt équilibré, cherchant visiblement et avant tout à dépassionner le débat. « On nous a soupçonnés d'instrumentaliser la question nationale, comme si cette question n'était pas lancinante, et cela, depuis longtemps », a lancé François Fillon. « Ici ou là, on a prétendu que ce débat était dangereux, qu'il allait raviver les défiances. Mais le danger n'est pas de débattre ! Le danger, c'est de laisser monologuer les tenants du repli national, les nostalgiques qui sont prêts à emboucher le clairon de Déroulède et de Vichy », a-t-il poursuivi. Pour le Premier ministre, « le débat sur l'identité nationale n'est pas de circonstance. C'est un débat complexe et passionnant. Ça doit être un débat permanent, inséparable de la constitution même de notre pays ».
Les minarets
En bon séguiniste qu'il a longtemps été, François Fillon considère que « le temps des nations n'est pas révolu ». « Qu'est-ce qu'être français ? » demande-t-il. « Il n'y a pas de réponse unique, mais il existe des lignes de force qui nous rassemblent. Nous sollicitons une réponse articulée par 65 millions de réflexions, éclairée par 65 millions de sensibilités et de consciences. »
Le chef du gouvernement a aussi abordé la question des minarets. C'était la première fois au plus haut niveau de l'exécutif depuis le référendum suisse. « Les minarets sont assez peu nombreux en France, a-t-il fait observer. Je dis simplement qu'ils doivent s'inscrire de façon raisonnable et harmonieuse dans notre environnement. Et la meilleure façon qu'ils le soient, c'est de faire confiance pour cela aux maires de nos villes. »
Conclusion de Fillon : « C'est l'intégrisme qui doit être combattu, pas les musulmans. »
POLITIQUE Identité nationale : Fillon veut calmer le débat - Accueil / Actualité / France - Samedi 05 Décembre 2009 - SUDOUEST.COM: "Identité nationale : Fillon veut calmer le débat"
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