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mercredi 25 novembre 2009

Sans papiers : six semaines de grève pour le droit de travailler | Eco89

Darcos n'a pas calmé les intérimaires sans papiers qui veulent le retour de la circulaire sur la régularisation par le travail.

Ils n'en démordent pas ; ce qu'ils veulent, c'est « la circulaire ». Alors que Xavier Darcos et Eric Besson évoquent conjointement la possibilité de fermer les établissements employant des travailleurs sans-papiers, et que doit se tenir jeudi la réunion de la Commission nationale de la lutte contre le travail illégal (CNLTI), les sans papiers en grève, ainsi que les 11 syndicats et associations qui les encadrent, maintiennent leurs priorités.

Le préalable à toute action, c'est le remplacement de la circulaire de régularisation par le travail -annulée par le conseil d'état le 26 octobre dernier-, pour aboutir à des critères équitables, simplifiés et valables dans chaque département. Plusieurs points sont encore en discussion, parmi lesquels la durée de présence sur le territoire requise pour la régularisation, l'identification des secteurs déficitaires en main d'oeuvre, ou encore la reconnaissance du travail au noir.

Si les réponses du gouvernement conditionnent aujourd'hui les mouvements de grève, l'implication du ministère du Travail était cependant attendue, de préférence à celle du ministère de l'Immigration. Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT, réagit à l'interview donnée par Xavier Darcos dans Le Parisien, dans laquelle il menace de fermer les entreprises employant des sans-papiers :

« Les sanctions administratives contre les employeurs existent déjà. Nous avons 5200 salariés en lutte issus de 1800 entreprises. Alors on fait quoi, vous voulez qu'elles soient toutes fermées ? […] Notre point de vue, c'est qu'il faut régulariser ces travailleurs. » (Voir la vidéo)



Traiter les patrons au cas par cas

Lundi matin, au siège de la CGT, 200 grévistes, issus pour la plupart du secteur du BTP, s'étaient réunis en toute confidentialité. Motif du conciliabule : la reconquête de leur droit de grève sur le chantier de la tour First (ex-AXA) à La Défense, géré par Bouygues construction.

Le 2 novembre dernier, 300 travailleurs grévistes avaient en effet été évacués par les forces de l'ordre. Cette prompte intervention, dès le premier jour de grève, mais surtout sans décision de justice, avait alerté la CGT.

Quelques jours plus tard cependant, le syndicat découvrait un décret passé durant l'été, et donnant à la préfecture de police de Paris des pouvoirs étendus aux départements de la petite couronne parisienne. Malgré ce nouveau cadre légal, la pilule n'est pas passée ; pour les leaders syndicaux comme pour leurs nouveaux adhérents, le droit de grève reste un principe inaliénable.

Le mode opératoire du jour est donc des plus simples : réinvestir le chantier de la Tour First. A 14h00, ils sont plus d'une centaine à débarquer sur les lieux. Parmi eux, Mr Niakaté, travailleur intérimaire employé par la société de démolition Adec, et Francis Bottalico, responsable de l'union locale de la CGT à La Défense :

« Si, aujourd'hui, nous tolérons que pour une partie du salariat, sous prétexte qu'il s'agit d'intérimaires ou de sous-traitants, le droit de grève leur est inaccessible, demain ce sera étendu à tout le monde. » (Voir la vidéo)


La réinstallation sur chantier de la tour First sera de courte durée ; les grévistes sont évacués dans la soirée de lundi par les forces de l'ordre. La préfecture précise à l'AFP :

« Le préfet a autorisé le concours de la force publique, à la demande de l'entreprise, car les manifestants ne font pas partie de ses salariés. »

Soit ; mais inciter les donneurs d'ordre à reconnaître des travailleurs disséminés dans l'arborescence de la sous-traitance, était aussi le but de la manoeuvre. Depuis le 12 octobre, début des mouvements de grève, la cégétiste Francine Blanche observe en effet qu'un travailleur sur trois est intérimaire :

« Le droit de grève leur est dénié, ils sont évacués chaque jour des entreprises qu'ils occupent bien qu'ils soient intérimaire des grandes agences d'intérim. Quant aux salariés des petites ETP, ils ne peuvent pas faire grève ailleurs que dans leurs locaux, ce qui est le meilleur moyen de se faire licencier. »

Mettre fin aux pressions des supérieurs

Entre évacuations et réinstallations, les intérimaires s'entêtent. A la régie de la RATP, se retrouvent chaque jour des salariés de l'agence Asten, un des nombreux sous-traîtant du transporteur francilien. Ce sont eux qui avaient filmé une séance revêtement de bitume dans le métro parisien.

Ils souhaitaient mettre fin aux pressions exercées par leurs supérieurs. Si les images ont fait le tour de la toile, Sékou et Gandega déplorent aujourd'hui l'absence totale de concertation avec leurs employeurs. (Voir la vidéo)


Fermer les entreprises qui recrutent des sans-papiers ? L'idée effraie la plupart de ces grévistes. Ils veulent travailler, et accessoirement faire la grève, comme tout travailleur en France. A la différence près qu'ils sont les seuls à accepter les cadences et les salaires de ces métiers en tension : cuisinier, plongeur, maçon qualifié, vigile, technicien de surfaces, nounou… Des métiers non délocalisables, et composés aujourd'hui d'une main d'oeuvre quasi-exclusivement étrangère.

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