SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

samedi 17 octobre 2009

Hexagone: Pour Michel Rocard, la France doit accueillir sa part de la misère du monde

"Que nous ne puissions à nous seuls prendre en charge la totalité de la misère mondiale ne nous dispense nullement de devoir la soulager autant qu’il nous est possible." Tout au long du discours qu'il a prononcé hier, samedi 26 septembre, pour le 70ème anniversaire de la Cimade, Michel Rocard a martelé cette même conviction: "La France et l’Europe peuvent et doivent accueillir toute la part qui leur revient de la misère du monde!"

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Il y a vingt ans, pour le cinquantenaire de la Cimade, l'ancien Premier ministre avait déjà prononcé un discours. Il avait alors déclaré que "La France ne peut accueillir toute la misère du monde... mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part".

Réduite à sa première partie, cette phrase le poursuit depuis lors. "Une malheureuse inversion, qui m’a fait évoquer en tête de phrase les limites inévitables que les contraintes économiques et sociales imposent à toute politique d’immigration, m’a joué le pire des tours : séparée de son contexte, tronquée, mutilée ma pensée a été sans cesse invoquée pour soutenir les conceptions les plus éloignées de la mienne. Et, malgré mes démentis publics répétés, j’ai dû entendre à satiété le début négatif de ma phrase, privé de sa contrepartie positive, cité perversement au service d’idéologies xénophobes et de pratiques répressives et parfois cruellement inhumaines que je n’ai pas cessé de réprouver, de dénoncer et de combattre."

Car Michel Rocard n'est pas d'accord avec la politique d'immigration menée par la France et l'Europe. Et il le dit haut et fort: "En matière d'entrée, de circulation, de protection ou d’éloignement des réfugiés, qu’il s’agisse des accords de Schengen et de Dublin, de la Directive Retour, du « paquet asile » ou, actuellement, du programme de Stockholm, les européens se sont accordés sur un ensemble toujours renforcé de mesures techniques administratives, juridiques, sécuritaires et diplomatiques qui ont pour conséquence d'élever sans cesse plus haut de nouveaux murs en Europe et à ses portes."

Jugeant que les "migrations" sont "un fait incontournable", l'ancien Premier ministre souligne "l'urgence pour l’Europe à inventer d'autres règles se fondant sur le respect du droit international et les principes des droits humains dans le cadre d’une vision réalistes des conditions économiques et sociales de l’intégration des émigrés basée sur une nouvelle lecture du monde, des risques et des chances de son avenir prévisible."

Pour "inventer" cette "politique européenne d'hospitalité" à laquelle il aspire, Michel Rocard propose quelques pistes:

- Supprimer les "quotas annuels d’expulsions du territoire" car ils entraînent "les services policiers à mener une sorte de traque pour atteindre l’objectif fixé par les préfets, avec le risque permanent des drames que l’on déplore trop souvent".

- Faire en sorte que "l’inévitable partition des candidats à l’immigration entre ceux que la France peut accueillir et ceux qu’elle choisit de ne pas accueillir soit fait, en amont, le plus humainement possible. Il faut humaniser les services de visas de nos ambassades comme les services responsables dans les ports, gares et aéroports. Cela veut dire aussi qu’il s’agit d’établir des règles claires et transparentes pour mettre fin à l’opacité voire l’arbitraire qui règnent souvent en ce domaine."

- "Renoncer purement et simplement à placer en centre de rétention les personnes vivant avec leurs enfants dans notre pays".

- "Donner un permis de séjour à tous ceux dont l'intégration constatée établira la vocation à vivre parmi nous".

- "Débarrasser notre législation de toute disposition ou contradiction tendant à créer cette catégorie inadmissible d’étrangers non régularisables non expulsables, qui, pour limitée qu’elle soit aujourd’hui, n’en reste pas moins aussi inacceptable". Par ailleurs, "il faut aussi que l’Europe invente rapidement un statut de droit pour les «réfugiés de fait que sont notamment les afghans qu’on a vu chassés ce lundi de leur pauvre refuge à Calais, mais qu’on ne peut moralement pas renvoyer dans un pays en guerre depuis trente ans, et pas davantage les condamner à l’errance".

Pour l'ancien Premier ministre, ce "cadre nouveau" ne pourra être inventé "qu'en sortant d'une vision européo-centrée, et en établissant un nouveau dialogue avec les pays du Sud, en premier lieu l'Afrique". Et, "il ne pourra se construire sans y associer les sociétés civiles, notamment les syndicats et les associations qui, par leurs actions conjointes et leurs capacités d'innovation, sont un moteur essentiel de l'émergence d'un dialogue et de solutions pour l'avenir".



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