Adieu cochons, les Identitaires défendent leur liberté d’expression

Ils espèrent au moins 600 personnes de toute la France, samedi, à Lyon

Ni gros, ni gras, ni roses, ni cons : les cochons ne déambuleront pas dans les rues de Lyon samedi après-midi. Les Identitaires, prenant acte de l’interdiction par le préfet, confirmée par le tribunal administratif, de leur Marche des cochons, lui substitueront un « rassemblement pour la liberté d’expression », samedi après-midi, place Saint-Jean. Il a été déclaré hier matin à la préfecture du Rhône. Tous ceux « qui défendent la liberté d’expression » sont conviés à cette « manifestation statique ».

Les Identitaires, ces jeunes gens en apparence bien sous tout rapport, bien propres sur eux, avenants et courtois avec les journalistes conviés à une conférence de presse lundi après-midi dans leurs locaux du Vieux-Lyon, ont adopté la posture la plus facile et la plus populaire : celle de la victimisation.

Pour Fabrice Robert, président du parti, et Arnaud Gouillon, candidat putatif à l’élection présidentielle, c’est la contre-manifestation annoncée par « les partis de gauche et d’extrême gauche, qui aurait dû être interdite » car risquant de troubler l’ordre public. Est donc dénoncée « une politique de deux poids, deux mesures ». Le préfet Carenco, véritable liberticide à leurs yeux, est rabaissé plus bas que terre. A les entendre, il serait presque de la même engeance que Kadhafi et consorts.

En dépit de ces rapprochements plus qu’excessifs et déplacés, les Identitaires s’en tiennent à des propos relativement mesurés sur la forme, jouent sur l’ambiguïté ou l’extrême friabilité des mots, capables d’emporter la conviction de certains citoyens de bonne foi. Ainsi, leur combat pour l’identité de la France n’est pas islamophobe assurent-ils, simplement, les identitaires « sont contre l’islamisation de la France ». C’est-à-dire, d’après le dictionnaire, « contre l’application contrainte de la loi islamique à la vie publique et sociale ». On voit qu’il y a un océan entre cette réalité de l’islamisation et ce que dénonce et exploite à satiété ces militants d'extrême droite, qui ne se reconnaissent que comme « populistes ».

Au-delà de l’agitation médiatique que le petit parti Identitaire crée et peut encore créer - à l’instar de tous les groupes activistes d’extrême droite au fil de l’Histoire - il ne faut pas être dupes : actuellement, son audience est des plus limitées : il ne revendique que 3 000 adhérents en France, dont une centaine sur le Rhône, et attend, samedi, pour ce qui se veut un rassemblement national, « 600 personnes au moins ».

Pour l’élection présidentielle, il faudra à son candidat 500 parrainages de grands élus. Hier, les dirigeants identitaires affirmaient qu’ils n’auraient pas de problème à les obtenir, assurant en avoir collecté déjà beaucoup. Mais, interrogés sur le nombre, celui-ci reste « confidentiel ». Cherchez l’erreur.

Michel Rivet-Paturel

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