(Photo: Philippe HUGUEN/ AFP)
Dimanche 13 mars, Marine Le Pen sera invitée par Radio J, station communautaire juive. C’est une première. Jamais son père ne l’avait été. Elle, l’est très vite. Cette invitation est pour Marine Le Pen une très grosse étape dans la stratégie dite de “dédiabolisation”. Cela signifie en clair que pour Radio J, le FN de Marine Le Pen n’est plus perçu comme antisémite.
Pour Louis Aliot, l’antisémitisme c’était le “verrou de la diabolisation” qui empêchait le FN de devenir un parti de gouvernement.
Selon Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite, “c’est une irresponsabilité communautaire totale. La motivation principale, c’est celle de l’audimat, de la reprise assurée. Le verrou qui a sauté est l’acceptabilité de l’expression de Marine Le Pen sur l’immigration et l’islam, au sein d’une d’une partie de la communauté juive.”
S’agissant des medias, terrain que Marine Le Pen maitrise particulièrement, on est en effet passé du rien au tout. Du 28 février au 6 mars, son omniprésence a été manifeste. Lundi 28 février, au matin, elle était l’invitée des Quatre vérités sur France 2, le lendemain matin, 1er mars, elle était sur RTL, le surlendemain le 2 mars, elle faisait Questions d’info, la grande émission politique hebdomadaire de LCP et France info, le 3 mars au matin, elle était sur Europe 1 et le soir, interrogée en duplex dans A vous de juger sur la 2. Dimanche 6 mars, était diffusé un entretien sur i-Télé et sur Canal Plus. Le 9 mars, elle fera le Téléphone Sonne de France Inter.
Auparavant, le 14 février, elle était face à Jean-Luc Mélenchon le matin sur RMC et BFM, le 18 février, déja en interview politique sur France Info.
“Confusion”
C’est beaucoup. On peut grosso modo considérer que depuis le remaniement du dimanche 27 février, pas une seule journée ne se sera passée, sans que Marine Le Pen n’intervienne sur les ondes ou un plateau de télévision.
La progression de Marine Le Pen dans les sondages en termes d’intentions de vote déclenche ses invitations à la radio et à la télé, lesquelles en retour confortent sa position dans les enquêtes d’opinion, en lui permettant d’imposer sa candidature comme la seule voix “d’alternance”.
“Les résultats des différents sondages s’auto-alimentent, légitiment sa candidature et font sauter un tabou” affirme Jean-Yves Camus. “Lors de la campagne interne, les médias ont présenté Marine Le Pen comme une modernisatrice face à Gollnisch. Cela a peut être eu un effet pervers : la confusion entre la forme et le fond” explique le politologue.
A quatorze mois du scrutin, est en train de s'’installer une forme d’évidence tranquille quant à la présence au second tour de la présidente du FN et au caractère “irrépressible” de la “lame” qui la porte.Du point de vue de la candidate, on en voit tout l’intérêt: il s’agit pour elle de crédibiliser le vote FN comme un vote utile, de convaincre les hésitants de rejoindre une dynamique en marche, tout en affichant un profil “modeste” mais conquérant. L’un des enseignements paradoxaux à ce titre est de voir la présidente d’un parti d’extrême droite incarner une certaine forme de sérénité, quand la séquence élyséenne est plus fébrile.
L’on dira que Marine Le Pen a pour elle de ne pas avoir commis d’erreurs majeures jusqu’à présent dans sa partition. Pour le reste, elle n’a pas besoin de faire campagne pour le moment. D’autres, à des degrés divers, la lui font.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire