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mardi 26 octobre 2010

L’Ined publie l’intégralité des résultats de l’enquête « Trajectoires et origines » et dévoile plusieurs données relatives aux inégalités en matière d’emploi

L’Ined (Institut national d’études démographiques) vient de dévoiler les résultats complets de l’étude « Trajectoires et origines » menée avec l’Insee, dont quelques extractions avaient déjà été rendues publiques (cf. cet article publié sur Infos-discriminations.fr : l’Ined et l’Insee publient une étude sur le ressenti des discriminations). L’enquête, qui a été réalisée en 2008 auprès de 22.000 personnes résidant en France métropolitaine, s’est attachée à examiner le parcours des populations d’origine immigrée ou ultramarine, celui de leurs enfants, et les données sociales les concernant. Relations avec les territoires d’origine, pratiques linguistiques, niveaux de diplômes, parcours scolaires, accès au marché du travail, milieux socioprofessionnels, temps de travail, salaires, accès à la santé, conjugalité, logement, relations familiales, vie citoyenne, sentiment national, religions et discriminations : c’est sur cette immense variété de thématiques que 24 chercheurs ont dressé un portrait détaillé de ces populations.

Pour ce qui est des inégalités et des discriminations subies en matière d’emploi, la publication de ces nouvelles données apporte un nouvel éclairage par rapport aux chiffres dévoilés il y a six mois, notamment en matière d’accès au marché du travail. Si, avec un score de 81 %, l’ensemble de la population immigrée installée en France métropolitaine connaît presque exactement le même taux d’emploi que la population dite majoritaire (personnes de nationalité française nées de parents français), c’est non sans variations selon le détail des origines. Ainsi les personnes immigrées en provenance de l’Espagne et de l’Italie, du Portugal (93 %), des autres pays de l’UE (83 %), de l’Asie du Sud-Est (83 %), de la Turquie (81 %), du Maroc et de la Tunisie (81 %) ont un taux d’emploi supérieur ou égal à celui de l’ensemble des métropolitains. En revanche, les enfants d’immigrés en provenance d’Afrique subsaharienne (53 %), d’Asie du Sud-Est (60 %), du Maroc et de la Tunisie (61 %), de la Turquie (67 %) et d’Algérie (69 %) ont les taux d’emploi le plus faibles. Ce sont d’ailleurs dans les mêmes catégories que les répondants ont été les plus nombreux à signaler des refus d’emploi qui leur sont apparus injustes et discriminatoires.

Pour ce qui est des catégories socioprofessionnelles, l’enquête révèle que les « professions des pères immigrés étaient marquées par leurs origines géographiques, avec une forte concentration dans certaines professions peu qualifiées, notamment ouvrières. » Pour leurs fils, « l’appartenance au monde ouvrier reste assez forte même s’ils accèdent plus fréquemment que leurs parents à des postes d’ouvriers qualifiés. » Quant à leurs filles, elles « sont, comme les femmes de la population majoritaire, fréquemment employées. Elles accèdent toutefois aux professions intermédiaires dans des proportions équivalentes à celles des fils d’immigré. »

Concernant les conditions d’emploi, l’étude montre qu’« à caractéristiques individuelles et d’emploi (catégorie sociale et activité) données, le temps partiel subi est peu différencié selon l’origine. » En revanche, les écarts de salaires sont patents : « à peu d’exceptions près (les immigrés de l’UE27 autres que les originaires du Portugal, d’Espagne et d’Italie, et leurs descendants), les immigrés et les descendants d’immigrés gagnent en moyenne un salaire horaire inférieur à celui des personnes de la population majoritaire. » Par exemple, les salaires horaires des immigrés d’Algérie sont en moyenne inférieurs de 13 % à la ceux des personnes de la population majoritaire. « Lorsqu’on tient compte des caractéristiques individuelles d’âge, de diplôme, de la composition de la famille de l’enquêté et du lieu de résidence de l’enquêté, précise l’étude, le différentiel s’accroît encore (–16 %), ce qui reflète le fait que les immigrés d’Algérie sont en moyenne plus âgés que la population majoritaire et que leur profil de carrière a été plus plat. » À conditions égales d’âge, de diplôme, de géographie, de famille, de niveau de langue française, de nationalité, d’âge d’arrivée en France, de secteur d’activité, de taille de l’entreprise, d’ancienneté et de catégorie socioprofessionnelle, ces écarts de salaires diminuent certes pour plusieurs catégories d’immigrés et de leurs enfants, mais elles persistent à un niveau important pour les hommes immigrés venus d’Algérie et d’Afrique subsaharienne.


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