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lundi 26 octobre 2009

Le Figaro - France : Les contrastes de l'intégration à la française

Cécilia Gabizon
15/10/2009 | Mise à jour : 22:14
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Une vaste étude, réalisée pour la première fois sur les enfants d'immigrés, montre leur ascension sociale par les études.

L'intégration finit par rattraper tous les enfants d'immigrés. Qu'ils soient d'origine italienne ou portugaise, maghrébine ou africaine. À rebours du pessimisme ambiant, la sociologue Claudine Attias-Donfut et l'économiste François-Charles Wolff publient cette semaine* les résultats d'une vaste enquête conduite auprès d'un échantillon représentatif de 6 000 immigrés et 20 000 de leurs descendants. Sans se focaliser sur les cités ghettos, puisque seulement 20 % des immigrés y vivent. Ni chercher à démontrer que tout va bien. Le tableau d'ensemble est touffu, trop sans doute, pour livrer un message simple. Mais globalement, les chercheurs affirment que «l'intégration marche».

Tous les indicateurs sont positifs. Les plus pauvres ont clairement tiré profit de la migration. Pour autant, changer de pays ne les a pas plongés directement dans le rêve français, mais bien dans sa réalité. S'ils étaient démunis et peu éduqués, ils se sont retrouvés sur les mêmes rails que les prolétaires hexagonaux. Leurs enfants ont connu la même mobilité sociale. Pas plus. Les réussites éclatantes restent donc l'exception tandis que la masse a gardé le col bleu ou blanc.

Les filles décrochent plus souvent leur bac

L'école n'efface pas l'origine sociale des élèves.
L'école n'efface pas l'origine sociale des élèves. Crédits photo : Le Figaro

Car l'école n'efface pas l'origine sociale des élèves. Qu'ils soient bretons, basques, ou algériens, leur sort sera similaire si leurs parents sont ouvriers. Les enfants d'immigrés auraient même tendance à mieux travailler. L'enquête confirme des spécificités que l'on pressentait. Les Asiatiques affichent les meilleurs résultats scolaires, bien au-dessus des autres. Les Maghrébins font mieux que les Français de souche, toute chose égale par ailleurs, mais ils ont investi des filières généralistes qui n'ont pas tenu leurs promesses et n'ont offert que peu de débouchés. Quand aux fils d'Africains, ils sont particulièrement nombreux en troisième cycle.

Toutes les filles misent sur l'école et décrochent plus souvent le bac, investissent massivement le deuxième cycle. «Elles ont plus à gagner dans la société française», avance Claudine Attias-Donfut, sans pouvoir élucider totalement cette performance. Une exception cependant, les Turques, qui sont retirées jeunes du système scolaire.

Globalement, les diplômes sont donc au rendez-vous, mais l'ascension est lente. Plus l'immigré est installé de longue date, meilleurs sont ses enfants scolairement. La durée reste une donnée essentielle de l'intégration. Cette enquête réinscrit donc les vagues d'immigration récentes dans une histoire plus large, avec des étapes qui se répètent : les pionniers se déracinent dans l'espoir d'une vie meilleure. La seconde génération vit entre deux pays, celui des parents et celui de l'école. Et finit parfois par se créer son propre monde dans la rue. Enfin la troisième génération s'ancre sur la terre d'accueil.

«Les Maghrébins en sont presque là», estime Mohammed Abdi, le conseiller spécial de Fadela Amara, secrétaire d'État à la Politique de la ville. «Ils ont investi de nouveaux secteurs de la vie économique. Une classe moyenne émerge.» Tandis que la hausse du niveau de vie «au bled» libère, selon lui, les immigrés de leur dette.

Si la dynamique générale est positive, les auteurs de l'étude relève cependant «une difficulté spécifique aux enfants d'Algériens et aux descendants d'Africains». Ils quittent plus souvent le système scolaire, connaissent des parcours délinquants plus fréquents. Ces échecs minoritaires mais très visibles, obscurcissent la vision d'ensemble. Jusqu'à faire douter d'un modèle pourtant efficace.

* «Le Destin des enfants d'immigrés», Stock.

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