SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

vendredi 25 septembre 2009

Face au juge, Dieudonné plaide "l'attentat humoristique"

e ne comprends pas pourquoi je suis là." Dieudonné M'Bala M'Bala jure ses grands dieux qu'il n'a rien à se reprocher dans l'affaire qui l'amène, mardi 22 septembre, devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Si M. M'Bala M'Bala est là, c'est pour ce qui s'est passé le 26 décembre 2008, à la fin de son spectacle au Zénith de Paris. Il avait fait monter sur scène son technicien et assistant Jacky, revêtu d'un pyjama ample et flanqué d'une étoile jaune avec la mention "Juif". Le technicien avait remis un prix de "l'infréquentabilité" - matérialisé par un chandelier et des pommes - à Robert Faurisson, auteur négationniste, condamné à plusieurs reprises pour "contestation de crimes contre l'humanité".

Le parquet poursuivait M. M'Bala M'Bala pour "injures raciales", tandis que sur plainte de la Licra - représentée par le bâtonnier Christian Charrière-Bournazel et Me Alain Jakubowicz -, il était également cité à comparaître avec M. Faurisson - absent à l'audience - pour "contestation de l'existence d'un ou plusieurs crimes contre l'humanité".

Devant le tribunal, tout en reconnaissant sa volonté de "provoquer et de choquer", M. M'Bala M'Bala a invoqué la liberté de l'artiste en assurant que ses provocations étaient destinées aux journalistes. "C'était un spectacle, une oeuvre humoristique, il y a un jeu avec les médias, je leur ai servi un attentat humoristique à ma sauce." Avant d'ajouter : "Leur hystérie à voir de l'antisémitisme partout me paraît suspecte et obscène. (...) Je suis le baromètre de la liberté d'expression."

Tant le président que les huit parties civiles (notamment, outre la Licra, la LDH, le MRAP, SOS-Racisme et l'Union des étudiants juifs de France) ont tenté, en vain, de lui faire expliciter le sens de cette "prestation scénique".

Pourquoi Robert Faurisson ? "Pour moi, il niait Goré (l'île du Sénégal d'où partaient les bateaux négriers durant la traite), c'était suffisant (en termes d'infréquentabilité)."

Pourquoi, alors, le pyjama et l'étoile jaune ? "Parce que c'était le costume de scène (de son assistant) depuis plusieurs mois, son habit de lumière." Pourquoi le chandelier et la pomme ? "C'est ce qu'il y avait dans la loge." "Ce n'est pas ce que vous nous disiez tout à l'heure, c'est soit de la provocation, soit les moyens du bord, vous naviguez, on ne comprend plus", lui répond le président du tribunal, Nicolas Bonnal.

Le parquet a requis un an de prison avec sursis et 10 000 euros d'amende. Jugement le 27 octobre.


Abel Mestre et Caroline Monnot
Article paru dans l'édition du 24.09.09


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