Condamné par contumace pour un massacre en Italie, Josef Scheungraber a vécu paisiblement en Bavière jusqu'à maintenant, l'Allemagne refusant d'extrader de force ses ressortissants.
Josef Scheungraber (AFP)
Le procureur de Munich a requis en juin "une condamnation à la prison à perpétuité" contre Josef Scheungraber, 91 ans, pour 14 assassinats de civils âgés de 16 à 74 ans, qui lui ont déjà valu une condamnation par contumace en Italie.
L'accusé nie
Le nonagénaire, un ancien officier nazi, aujourd'hui malentendant, se déplace avec une canne mais paraissait en bonne santé lors de l'ouverture de son procès en septembre.
Il "récuse les accusations, et conteste avoir quoi que ce soit à faire avec ces faits", selon l'un de ses avocats, Christian Stünkel, qui a plaidé son acquittement.
Josef Scheungraber est accusé d'avoir ordonné l'un des massacres commis par l'armée allemande en Italie à la fin de la guerre, à Falzano di Cortona, le 26 juin 1944, alors qu'il commandait une compagnie de chasseurs alpins.
En représailles après un accrochage avec des partisans, les soldats nazis avaient pris en otage un groupe de civils, conduits dans une maison du village, avant de la faire exploser. Un seul a survécu, un jeune homme alors âgé de 15 ans, Gino Massetti. Quatre autres civils avaient été abattus par les nazis.
L'accusé a raconté lors de ses premières auditions devant les enquêteurs "avoir remis à la police militaire" les otages et ne pas savoir "ce qui leur est arrivé ensuite", a rapporté le Suddeutsche Zeitung.
Pas d'extradition forcée en Allemagne
Josef Scheungraber a déjà été condamné pour ces faits en son absence à la prison à perpétuité le 28 septembre 2006, par le tribunal militaire de La Spezia (nord de l'Italie).
Mais l'Allemagne, qui n'extrade pas ses ressortissants contre leur gré, n'a jamais fait appliquer cette peine.
Aussi le vieil homme a-t-il poursuivi sa vie tranquille en Bavière, dans sa ville natale d'Ottobrunn, où il est devenu après la guerre une personnalité locale respectée, gérant d'une menuiserie et conseiller municipal, participant régulièrement à des commémorations avec ses frères d'armes.
Son cas n'est pas isolé. Comme lui, d'autres ex-officiers nazis coulent des jours paisibles en Allemagne malgré des condamnations prononcées à La Spezia pour des massacres de centaines de civils italiens, à Sant'Anna di Stazzema (560 morts), Falzano di Cortona ou encore Marzabotto (955 morts).
Les derniers procès de nazis
Le procès de Joseph Scheugraber devrait toutefois être l'un des derniers organisés en Allemagne contre un criminel nazi, avec celui à venir de Ivan "John" Demjanjuk, accusé d'avoir participé au meurtre de 29.000 Juifs au camp d'extermination nazi de Sobibor, aujourd'hui en Pologne.
Demjanjuk, qui jusqu'à présent a nié tous les faits qui lui sont reprochés, jusqu'à sa présence à Sobibor, a vu son dossier renvoyé en juillet devant une cour d'assises de Munich.
Il avait été expulsé en mai des Etats-Unis vers Munich, à l'issue d'une bataille judiciaire acharnée.
(Nouvelobs.com)
Un des derniers nazis jugé en Allemagne, Société - Information NouvelObs.com
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