J'avais évoqué dans mon précédent article le cas de ce « chercheur » du CNRS qui souhaite se faire passer pour le capitaine Dreyfus. Et de certains de ses « amis » qui se prennent pour des Zola en tentant de remuer ciel et terre pour qu'aucune sanction ne lui soit infligée en raison de manquements professionnels qui l'ont mené vers le conseil de discipline. Alors, qu'en est-il exactement ? D'abord, posons le sujet calmement, sereinement et méthodiquement. Je vous tranquillise, il n'y a aucune affaire Dreyfus au CNRS. Rassurons-nous, le « chercheur » objet du scandale n'ira pas croupir sur l'île du Diable en Guyane. Son contradicteur n'est pas le colonel Henry, mais un fonctionnaire qui, selon toute évidence, n'a fait que son travail. Et parmi les soutiens de notre « chercheur », il n'y a ni Zola, ni le sénateur Trarieux ni le colonel Picquart. Détendons-nous, l'affaire est fort heureusement beaucoup plus simple que celle qui avait tenu la France en haleine entre 1894 et 1906. De quoi s'agit-il donc ?
L'histoire est limpide et je vais essayer de vous la conter. Depuis quelques années, d'aucuns ont remarqué que le CNRS, ou plus précisément certains de ses laboratoires, ceux travaillant sur les questions de l'islam ou de l'islamisme, étaient pris en otage par un groupe de « chercheurs » et « d'universitaires », censés pourtant faire preuve de neutralité, de froideur, de distance, d'honnêteté, de recul et d'approche scientifique, et qui s'adonnaient en réalité, le plus souvent, à des travaux apologétiques en faveur de l'islam politique et en faveur de l'intégrisme. Mais il n'y a pas que cela : notre « chercheur » et certains de ses amis sont allés jusqu'à entretenir des liens privilégiés avec quelques chapelles françaises des Frères musulmans tout en dénigrant les musulmans progressistes les jetant vers la lame des tueurs fanatiques en les qualifiant « d'islamophobes ». D'ailleurs, dans l'un de ses livres, notre « chercheur » avait dressé une belle liste de musulmans alimentant, de son point de vue, « l'islamophobie » et naturellement il me réservera une place de choix dans cette énumération digne justement de l'époque antidreyfusarde. Le « chercheur » me désigna, avec beaucoup d'autres, à la vindicte intégriste. Lui, l'homme intègre, honnête, neutre, universitaire froid adoptant une méthode scientifique avançant sous la couverture d'une prestigieuse demeure comme le CNRS décida alors, que nous étions bons pour la fatwa et l'excommunication. Ce « chercheur » qui se fait passer aujourd'hui pour Dreyfus a fait ce que tout antidreyfusard aurait fait à la fin du 19e siècle. Il nous a désignés comme des « traîtres ». Jugement équivalant à une condamnation à mort dans l'esprit de tout islamiste et cela, notre « chercheur » ne pouvait l'ignorer.
Alors que les procès et les intimidations sont une arme que beaucoup des amis de notre « chercheur » utilisent à la moindre critique qu'ils reçoivent, j'avais refusé à l'époque de poursuivre l'individu et je ne lui avais même pas répondu ni exigé un droit de réponse. Chez moi, c'est là un principe sacré que d'éviter de traîner mes détracteurs devant les tribunaux, y compris quand je suis diffamé par eux. Plus tard, il fera circuler une rumeur selon laquelle je serais lié aux services secrets algériens. Et quand des journalistes qui enquêtaient sur mon parcours, lui poseront la question « avez-vous des preuves ? », il affirmera face à la caméra, toute honte bue, « Non je n'ai pas de preuves mais on me l'a dit ». Voilà un « chercheur » atypique qui se forge des convictions sur la base de « on me l'a dit » et qui doit certainement lire très souvent certains blogs-poubelles pour rechercher ses vérités de « chercheurs ». Mais passons. Il n'est pas question ici de parler de ses compétences. Après tout, en République, on a le droit d'être nul et de mauvaise foi.
D'un autre côté, l'un des supporters indéfectibles de notre « chercheur » avait déclaré à propos de l'affaire Robert Redeker que ce dernier aurait cherché à « chatouiller la fatwa » à travers ses écrits et ses positions. On peut ne pas aimer les opinions d'un philosophe, on peut ne pas apprécier le travail d'un intellectuel, on peut aussi le trouver totalement ignorant. Mais tout de même, lorsqu'un homme se voit obliger de quitter son emploi, sa maison, vivre en clandestinité sous protection policière permanente pour éviter les menaces qui pèsent sur lui, une certaine décence voudrait - et je ne parlerai que de la décence - qu'on lui foute la paix, qu'on ne jouisse pas en l'enfonçant. Parce qu'en affirmant cela, cet autre « chercheur » souhaitait au fond de lui-même que Redeker se prenne une balle dans la tête. Je l'évoque clairement, penser que Redeker a « chatouillé la fatwa », c'est dire avec la subtilité du « chercheur », ce qu'un voyou formulerait ainsi : « bien fait pour sa gueule, il l'a bien cherché. Donc, qu'il crève ! »
Voilà pourquoi je parle d'indécence quand j'évoque les méfaits de ce genre de « chercheurs ». Ils sont les dépositaires d'une pensée qu'ils souhaitent voir dominer sur le débat public et qui nous interdirait de formuler la moindre critique sur l'islam et l'intégrisme musulman, qui nous empêcheraient d'être impertinents à l'égard des barbus et virulents en direction de ces infâmes qui instrumentalisent la religion à des fins politiques.
Je ne serais donc qu'un vulgaire « islamophobe ». Certains Ayatollahs du CNRS ont décidé ainsi. Depuis plus de vingt ans, je n'ai cessé de répéter que les musulmans étaient les premières victimes de l'islamisme et pour avoir dit ça, je serais un « islamophobe » ? Ai-je saccagé des mosquées ? Brûlé des exemplaires du Coran ? Ai-je profané des tombes musulmanes ? Non ! Rien de tout cela. Durant toute ma carrière, je n'ai fait que dénoncer l'obscurantisme qui gangrène ma religion, condamner le terrorisme qui tue en son nom, critiquer les groupes, les sectes ou les courants qui l'instrumentalisent, fustiger les idéologues qui endoctrinent des jeunes en utilisant l'islam et malgré tout, il eut fallu que je vienne me réfugier en France pour échapper à la barbarie des islamistes et aux injustices du pouvoir algérien pour me faire traiter par un « chercheur » du CNRS, s'il vous plaît, « d'islamophobe », alors que je suis né, que j'ai grandi et que je mourrai musulman. Lamentable ! Pauvre France, pauvre CNRS et pauvre « chercheur ».
Je vais maîtriser cette colère froide qui m'anime à l'évocation de ce sujet et poursuivre mon propos. Je ne veux surtout pas qu'on croie un instant que j'aurais un problème personnel avec ce « chercheur », enfin pas encore. Je ne le connais pas et j'avoue que j'aurais débattu avec lui s'il ne faisait pas partie d'une secte dont certains des membres sont d'une condescendance extraordinaire refusant toute contradiction, estimant que leur seule « vérité » fait foi et pensant probablement qu'un musulman émancipé des dogmes obscurantistes est forcément un suspect.
Quand je parle de l'islam, je sais de quoi je parle. Et quand je parle d'islamisme aussi. L'islam n'est pas seulement un sujet de thèse pour moi. Ce n'est pas juste une spécialité. J'ai consacré ma vie à essayer de comprendre la réalité de ma religion. Dire que l'islam ne pose aucun problème est un mensonge grossier. Affirmer que l'islam ne contient aucune contradiction est le fait d'une ignorance totale. Répéter que l'islam est uniquement une « Religion de paix, d'amour et de tolérance » est d'une bêtise rare. Et dire que celui qui écrit cela ou qui pointe certains sujets liés à l'islam serait un « islamophobe » est une saloperie et un symptôme d'une malhonnêteté intellectuelle qui dans le cas de notre « chercheur » mérite une sanction. En effet, je le dis brutalement, le CNRS gagnerait à remercier les idéologues qui, comme ce fameux « chercheur », ternissent son image. Je le dis calmement, gentiment et sans aucune animosité personnelle, quoique j'aie le droit puisque je suis aussi un « idiophobe »...Mais ça par contre, je le confirme, ce n'est pas une rumeur.
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