SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

lundi 20 avril 2009

Le Progrès de Lyon -  France-Monde: Pourquoi la promotion de la diversité n'avance pas en France


La diversité existe depuis longtemps dans le football, elle avance dans le show-biz, le cinéma mais pas dans les médias, l'entreprise, l'enseignement : le chantier du commissaire à la diversité Yazed Sabeg est immense

Hier, le ministère de l'Intérieur a été mis en cause dans une affaire de discrimination lors d'un concours de la police (lire ci-dessous). Ce matin, le haut-commissaire à la diversité Yazid Sabeg installera un observatoire pour renforcer la diversité dans les médias jugée « très insuffisante ». Deux preuves de plus que la France peine à intégrer de populations d'origines différentes, ce qu'on appelle la promotion de la diversité. La remise du rapport Sabeg sur la promotion de la diversité est sans cesse reportée depuis deux mois (a priori, c'est fixé au 7 mai). Il se heurte à plusieurs écueils.

On ne sait pas ce que représente la diversité

La polémique sur la mesure de la diversité a parasité et paralysé le travail de Yazid Sabeg. « Je n'ai jamais dit que la mesure de la diversité était l'alpha et l'omega de la lutte contre les discriminations. Elle est un outil de connaissance, elle vient compléter les mesures sociales et territoriales, fondées sur des critères objectifs » a indiqué le commissaire, confirmant que cette mesure occuperait environ « 5 pages sur les 100 que compte le rapport sur la promotion de la diversité mais qu'il n'est pas question de ficher les individus dans des catégories raciales ni de leur associer ensuite des quotas ». Faute de statistiques selon lui, des mesures positives seront difficiles à chiffrer et à établir.

La discrimination positive sujet tabou

C'est le deuxième point sensible du rapport. Certains défendent des mesures spécifiques pour favoriser les jeunes issus de la diversité dans les grandes écoles, l'administration, l'entreprise. Mais dans une France où l'égalité républicaine passe par le concours, et la réussite par le « réseau » de connaissances ou la bonne note scolaire, la discrimination positive se heurte à la Constitution, à l'organisation de l'école et des entreprises. Ces obstacles sont l'une des causes du report du rapport : Sabeg est missionné pour aller sur ce terrain en contournant les obstacles juridiques.

Une politique de la ville à revoir

Dans l'esprit de Yazid Sabeg, sur ce point d'accord avec les associations comme SOS racisme, la faute originelle, la raison majeure des discriminations, c'est la « cité », « le ghetto », la concentration dans les mêmes quartiers, les mêmes écoles de population d'origines immigrées. Le commissaire veut reprendre sous sa coupe la politique de la ville, revoir les découpages scolaires, créer une sorte de super budget de la diversité. Et confier tout cela à des gens « exemplaires et crédibles », comme lui-même ou Jamel Debbouze, issus des quartiers et de l'immigration. Commentaire de SOS racisme : « Des symboles pourquoi pas, mais il faut aussi des sous ». Et cela...

A Lyon, les classes préparatoires s'ouvrent aux élèves modestes

A Lyon, l'école normale supérieure de lettres et sciences humaines (ENS LSH) se mobilise pour inciter les lycéens des milieux modestes à tenter la classe préparatoire. Depuis trois ans, la grande école participe à un programme, auquel participent désormais d'autres établissements : l'ENS sciences, l'Insa, Lyon3, l'EM Lyon, l'école Vétérinaire, et l'ENTPE. L'action concerne désormais environ 400 élèves, dans cinq lycées du Rhône, tous situés dans des quartiers dits sensibles. Des étudiants bénévoles s'engagent dans du tutorat, des ateliers (français, mathématiques, théâtre) des sorties culturelles et des oraux blancs de français leur sont aussi proposés. «L'objectif est de donner aux élèves d'autres moyens que ceux dont ils disposent dans leur milieu social», explique Wafaa Fawzi, cheville ouvrière du dispositif à l'ENS lettres. Il s'agit surtout de convaincre ces lycéens qu'ils sont capables de s'orienter vers de longues études. «Ils disent souvent que ce n'est pas à leur portée. Il y a encore beaucoup d'autocensure», remarque Mme Fawzi.

La discrimination reste forte: environ 11 % d'élèves défavorisés sont inscrits en prépa dans l'académie. Mais les premiers résultats sont encourageants. À la dernière rentrée, une grosse centaine d'élèves issus de catégories sociales défavorisées a été admise contre une petite quarantaine l'année précédente.

Une fois intégrés, ils bénéficient d'un suivi (tuteur et stages).

Le Ministère de l'enseignement supérieur a retenu le programme lyonnais dans le cadre des «cordées de la réussite». Cette opération fixe la barre à 25 % de boursiers dans les classes préparatoires. A Lyon, en janvier, le préfet a réuni une soixantaine de proviseurs pour leur demander d'atteindre une moyenne de 30 %. «La machine est en route», assure Wafaa Fawzi. Tout en insistant sur le suivi. «Il faut pérenniser l'action et accompagner les étudiants jusqu'à leur insertion professionnelle».

M. F.


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