SOS Racisme s’étonne de la proposition d’Eric Besson d’offrir des titres de séjour temporaires aux personnes décidant de dénoncer les « passeurs ». Si la volonté de lutter contre les filières clandestines relève d’un souci louable, la méthode semble surprenante. En effet, trois problèmes se posent.
Tout d’abord, la question des régularisations doit être approchée selon des règles claires et transparentes qui seraient issues d’une réflexion relative aux droits des étrangers et en aucun cas de considérations policières. Cela serait d’autant plus dangereux que, dans les actuelles pratiques préfectorales en matière de régularisation, un « chantage » pourrait être facilement opéré, y compris en direction de personnes réunissant les conditions de régularisation.
Ensuite, si l’Etat français décidait d’instituer cette manière de procéder, est-il en situation de garantir la sécurité physique dans les pays d’origine des personnes appartenant à la famille de celles et de ceux qui auraient décidé de dénoncer tel ou tel passeur ?
Enfin, nous ne pouvons qu’être inquiets face à ce qui apparaîtrait comme une officialisation des pratiques de délation.
Pour ces différentes raisons, SOS Racisme appelle Eric Besson à ne pas mettre en œuvre ce projet et à réfléchir distinctement aux problèmes relevant des phénomènes de traite humaine représentés par les filières d’immigration clandestine et à ceux relevant de la régularisation, dont le mode doit être rapidement clarifié afin de ne pas livrer plus longtemps les sans-papiers à un arbitraire administratif et à une complexification du droit. Par ailleurs, au-delà de la question des « passeurs », nul ne peut ignorer que le phénomène ne se tarira qu’à partir du moment où se tarira la source des personnes pensant qu’elles doivent fuir leur pays à n’importe quelles conditions. Une réflexion qui relève de la coopération et du développement sur lesquelles la France doit trouver les moyens ambitieux de leur mise en œuvre effective. SOS Racisme
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