Au coeur de ce think tank gastronomique, l'insatiable Sabeg savoure son conte de fées républicain. "Les enfants d'immigrés qui ont percé en politique deviennent souvent des courtisans, parce qu'ils ne maîtrisent pas les codes. Lui les a appris tout petit", commente un habitué.
Nicolas Sarkozy l'a nommé commissaire à la Diversité et à l'Egalité des chances le 17 décembre 2008. Comme il l'a fait avec Xavier Darcos, désormais secondé par Richard Descoings, le président de la République, qui trouve que le plan banlieue de Fadela Amara n'avance pas assez vite, a flanqué sa secrétaire d'Etat à la Politique de la ville d'un encombrant jumeau. Depuis, le fils de docker algérien consulte tous azimuts.
Son carnet d'adresses pléthorique lui facilite la tâche. Les amis de cette icône de la "beurgeoisie" s'appellent Borloo, Méhaignerie, Lang... A la lettre A, ce grand bosseur a sollicité un rendez-vous auprès de Martine Aubry. A la lettre B, un déjeuner avec le secrétaire général de l'UMP, Xavier Bertrand. "Il faut que l'Etat s'engage d'urgence, sinon la France est menacée d'une situation d'apartheid social et territorial", explique Yazid Sabeg. Un mot qui fait bondir Fadela Amara, parce qu'il peut déclencher un réflexe de "victimisation" chez les jeunes.
Les mots... Sabeg les dégaine comme des uppercuts avec la courtoisie du gamin élevé chez les jésuites, à Lille. Il juge que le plan banlieue manque d'ambition: "Pour être à la hauteur dans les quartiers, il faut lancer une profonde réforme de l'éducation et de la formation. "Et lui, 'M. Diversité', que compte-t-il faire ? Fervent partisan de la discrimination positive, il doit rendre ses propositions en mars (voir l'encadré). Amara, elle, se raidit à la simple évocation de quotas à l'américaine. En deux mois, elle n'a reçu qu'une fois son rival Place de Fontenoy. "Je garde la confiance de l'Elysée", affirme-t-elle. Mais qui incarne la ligne? Lire la suite sur l'Express
SOS-Racisme s'y oppose, Sabeg tient bon : il réclame la création de "statistiques positives " pour mesurer la diversité en France. Le commissaire à l'Egalité souhaite s'inspirer des enquêtes américaines, autodéclarations anonymes et confidentielles : "Personnellement, je me sens noir, arabe, berbère... " Sabeg a reçu le soutien inattendu des socialistes : ils ont déposé une proposition de loi dans ce sens, examinée le 19 février.
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