Paris, le 20 février 2009
Madame, Monsieur
Les élections européennes du mois de juin prochain se dérouleront dans un contexte particulier à maints égards.
La victoire de Barack Obama a montré à quel point les sociétés avaient évolué et qu’elles avaient soif de renouvellement des pratiques et des personnes. Elle aura également montré et de façon éclatante la possibilité de tenir un discours de réconciliation loin de toute volonté d’opposer des catégories de citoyens entre eux.
Ce discours de réconciliation, s’il est précieux pour la restauration de l’image de la démocratie américaine et pour la cohésion interne de la société américaine, doit également inspirer les responsables politiques de notre pays.
La quasi-totalité des responsables ont d’ailleurs, à un titre ou à un autre, exprimé une admiration et une adhésion au message et aux méthodes de la campagne du Président Obama.
A l’heure de la constitution des listes aux élections européennes, l’ensemble des responsables politiques doivent prendre leurs responsabilités. Dans un contexte où l’installation de la crise économique et son cortège de dégâts sociaux risquent, en France et en Europe, de multiplier les tensions racistes – à l’instar des récents évènements survenus en Grande-Bretagne -, dans une situation où le vivre-ensemble dans notre pays montre d’inquiétants signes de fragilité, les responsables des principales formations politiques ont le choix entre deux attitudes.
Celle détestable, tout d’abord, qui consisterait à se mettre à la remorque des mauvaises passions et de jouer sur une corde populiste dont le résultat serait immanquablement un repli aux relents xénophobes.
Et celle, pleinement respectueuse des valeurs qui sont celles de la République, consistant au contraire à porter un message de fraternité et d’égalité tout en donnant des signes de cette promesse qu’il appartient aux représentants de la République de renouveler sans cesse.
C’est bien évidemment dans cette seconde optique que vous placez votre action et vos réflexions. Mais cette optique ne peut pas simplement se décliner dans des discours mais dans des choix clairs et lisibles.
C’est pourquoi SOS Racisme sera très attentif à ce que les listes aux élections européennes soient composées d’hommes et de femmes qui, par leur jeunesse, leur parcours militant ou leurs origines, donneront le signe tangible de la crédibilité d’un discours de fraternité et d’ouverture.
Concernant plus particulièrement la question des origines, SOS Racisme a une position constante consistant à ne certainement pas réclamer que des personnes soient désignées en raison de ce critère. Ceci étant, au regard du nombre de personnes d’origine étrangère ou ultra-marine qui sont engagées dans des parcours militants et qui présentent de façon évidente un niveau de compétence très élevé, il serait douteux que les partis politiques, comme ils l’ont fait trop souvent ces dernières années en prétextant un problème d’ « offre », ne fassent pas toute leur place à ces Français.
SOS Racisme sera également attentif aux propositions et au discours que les partis porteront sur des thèmes aussi essentiels que l’immigration (domaine dans lequel il est urgent de définir une position européenne qui ne soit pas celle de la constitution d’une Europe-forteresse qui se couperait immanquablement de la dynamique du monde) ou que la lutte contre les discriminations (domaine dans lequel les pouvoirs publics nationaux et communautaires se situent très en-deçà des enjeux posés).
Sachant pouvoir compter sur votre action dans les domaines évoqués dans ce courrier, je vous prie, Madame, Monsieur de recevoir mes salutations distinguées.
Dominique SOPO Président de SOS Racisme
n.b : ce courrier a été transmis à l’ensemble des dirigeants des partis politiques républicains
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