On avait laissé un condamné voûté, visage presque gris. Jean-Marie Garcia venait d'écoper de vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour le meurtre de Chaïb Zéhaf en mars 2006 à la sortie d'un bar d'Oullins, près de Lyon (1). Trois semaines plus tard, Libération a voulu retrouver le condamné, qui n'a pas fait appel. Pour qu'il raconte comment il a vécu ce procès depuis son box. Et comment l'on envisage l'avenir lorsque l'on écope d'une peine aussi longue. Exceptionnellement, la Justice a donné son accord, et accordé un droit de visite avant que Jean-Marie Garcia ne parte effectuer sa peine dans une centrale...
Virtuel. Au parloir, il a meilleure mine qu'au procès. Il accueille le visiteur d'une poignée de main assez franche. Il est tonique, a retrouvé des couleurs. « Le premier soir, quand je suis revenu dans ma cellule, j'étais soulagé, dit-il. Je me suis dit que c'était fait, c'était réglé, je ne voulais plus en entendre parler ». Il redoutait ce procès : « Ma pire crainte était que les enfants de ma victime soient là. J'avais une peur terrible d'affronter leurs regards. »
Ils n'étaient pas là, et le moment le plus difficile fut finalement l'audition de cet expert décrivant le meurtre à partir de l'autopsie. « Tout-à-coup, dit Garcia, ce n'était plus virtuel. Je savais que j'avais tué, mais c'était irréel, abstrait. Tuer avec un pistolet, ce n'est pas comme avec ses poings ou un couteau. On appuie sur la détente, c'est facile. On ne se rend pas compte de ce qui se passe. Au procès, j'ai réalisé physiquement que j'avais tué. » Avant, il avait pourtant lu en prison le dossier d'instruction, avec l'autopsie. « J'avais même vu les photos, répond-il. Je n'en avais pas mangé pendant deux jours. Mais ce n'était pas pareil. A l'audience, ça m'a effondré d'entendre tout ça devant la famille de ma victime. Je sentais comme chaque mot les atteignait. Après, j'ai pleuré comme un gosse. » Lire la suite sur Libélyon
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