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vendredi 17 décembre 2010

Débat sur l'identité nationale: reviendra ou reviendra pas?

Jean-François Copé a dit vouloir relancer le sujet, dix mois après le flop d'Eric Besson. Une initiative qui divise l'UMP et n'a pas plu à certains ministres comme François Baroin qui exclut la réouverture du débat par le gouvernement.

Par LAURE EQUY

Jean-François Copé, chef du groupe UMP à l'Assemblée nationale, le 3 novembre 2010 à Paris.

Jean-François Copé, chef du groupe UMP à l'Assemblée nationale, le 3 novembre 2010 à Paris. (© AFP Jacques Demarthon)

Quelle mouche a piqué Jean-François Copé... pour qu’à peine installé dans son siège de patron de l’UMP, il souhaite réactiver le débat «essentiel» de l’identité nationale. C’est samedi en conseil national qu’il a tenté de le mettre à l’agenda du parti, en pleine polémique sur la comparaison de Marine Le Pen entre les «prières de rue» et l’Occupation, et dix mois après l’enterrement de ce débat pour cause de dérapages en série. Cette semaine, la proposition de relancer un sujet aussi glissant a reçu un accueil contrasté, entre les ministres qui, échaudés, veulent tourner la page et rechignent à emboîter le pas du FN et d’autres membres de l’UMP pour lesquels le sujet, marqueur du candidat Sarkozy en 2007, reste d’actualité pour peu qu’on l’aborde sous une forme plus consensuelle.

Il est vrai qu'après le bide encaissé par le ministre Eric Besson qui pilotait l'hiver dernier le fameux «grand débat sur les valeurs de l’identité nationale», ils ne sont pas nombreux aujourd’hui à suivre Copé sur cette voie. Mais «il a dû en parler avec le chef de l’Etat avant. La façon de travailler de Jean-François Copé à l’UMP n’est plus de faire des cachotteries au Président», croit savoir un responsable sarkozyste.

Après le remaniement, Nicolas Sarkozy lui-même avait pourtant admis avoir «renoncé à l’identité nationale comme mots parce que cela suscite des malentendus». Et François Fillon qui s’exprimait après Copé, samedi devant le parti, n’a pas repris à son compte son initiative. Le Premier ministre, qui dix mois auparavant proposait la création d’une «commission de personnalités» avec parlementaires et intellectuels sur le sujet, a mis en garde: «Quand les enjeux touchent au fondement même de l’existence nationale, la réponse ne peut pas venir d’un groupe d’experts, d’une élite.»

«Cette question est derrière nous»

Au gouvernement, on est sur la même ligne. De Laurent Wauquiez qui déconseille de tomber «dans la surenchère sur l’identité nationale ou l’immigration» sous prétexte «qu’on est angoissé par les prises de position» du FN, au porte-parole, François Baroin, qui exclut la réouverture du débat: «Cette question, pour le gouvernement, dans sa construction et son architecture ministérielle, est derrière nous», a-t-il fermé, prévenant Copé: «Si les formations politiques souhaitent discuter de cette question, c’est sous leur responsabilité.»

A l’ordre du jour du bureau politique de l’UMP, mercredi, l’identité nationale ne figurait pas, assure le secrétaire général adjoint, Marc-Philippe Daubresse, aussi réticent à l’idée de réentonner ce couplet: «Je ne pense pas que ce débat soit la première préoccupation des Français.» La direction de l’UMP a surtout planché, explique-t-il à Libération.fr, sur la mise en place d’une commission de réflexion sur «la stratégie électorale» à opposer au FN... et au PS.

«Il ne faut pas ignorer l’offensive du FN, qui conteste les valeurs même de la République, mais aussi les positions du PS qui remet en cause l’application de certaines lois de la République», répond ce centriste de l’UMP qui sera chargé de conduire la mission avec Thierry Mariani. Pour Daubresse, «il y a de vraies questions d’immigration et de libertés de culte mais elle sont à traiter à travers le prisme de la République, pas de l’identité nationale».

D’autres députés, tout en reconnaissant les loupés du premier débat, estiment que la droite n’en a pas fini avec l’identité nationale. «Si on refait la même chose, ça nous gêne. Les collègues ont eu l’impression d’un débat raté sur un sujet qui était bon», résume Eric Raoult, député de Seine-Saint-Denis qui suggère d’«institutionnaliser» et de dépolitiser le débat: «Il faudrait accepter de ne pas tirer la couverture à soi, voir ce qu’on peut lâcher sur l’intitulé pour faire un pas vers la gauche et ne pas le lancer avant une élection.»


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