SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

mardi 30 novembre 2010

Sommes-nous xénophobes?

«Xénophobie», «haine des étrangers», les médias étrangers ne sont pas tendres avec la Suisse au lendemain du oui à l’expulsion des étrangers criminels.
Viviane Menétrey - le 29 novembre 2010, 21h16
Le Matin
«Après l’interdiction des minarets, ce vote interroge sur les tentations xénophobes des Suisses.» France 2, journal de 20 heures, dimanche soir. Dépêchée dans le bastion de l’UDC à Sion, une envoyée spéciale livre son analyse de l’acceptation de l’initiative pour le renvoi des étrangers criminels. «Après le vote d’aujourd’hui, les Suisses réaffirment leur volonté d’une politique plus nationaliste, quitte à écorner leur image à l’étranger», conclut-elle.
Une image écornée, ou incomprise de la Suisse. C’est ce qui ressortait hier dans de nombreux médias au-delà de nos frontières. Ainsi le quotidien français Le Monde a-t-il décidé d’intituler son dossier sur la votation de dimanche «Xénophobie en Suisse». L’image n’est guère plus clémente en Autriche, où l’éditorialiste de Der Standard estime qu’«il se pourrait que la démocratie directe échoue devant la haine des étrangers».
Marine Le Pen applaudit
Les Suisses sont-ils les xénophobes décrits par les médias étrangers? SOS racisme n’a pas hésité à franchir le pas, qualifiant hier le oui à l’initiative «de nouvelle avancée du racisme» et fustigeant «la très xénophobe UDC». En Europe, ce sont justement des partis réputés xénophobes qui se sont félicités du vote suisse. En première ligne, Marine Le Pen a applaudi une victoire «du peuple contre les élites». La vice-présidente du Front national «se réjouit du vote des Suisses, qui correspond à ce que propose le Front national pour la France». En Belgique, la victoire de l’UDC faisait hier la une du site du parti nationaliste flamand Vlaams Belang. Idem en Autriche, sur la page d’accueil du site du Freiheitliche Partei Österreichs (FPÖ), le parti de Jörg Haider.
Oui, les médias étrangers ont de la peine à comprendre. «Nous recevons énormément d’appels de journalistes étrangers qui nous demandent: «Mais qu’est-ce qui se passe en Suisse?» relève Manon Schick, porte-parole de la section suisse d’Amnesty International. Pourtant, pas question de taxer les Suisses de xénophobes. «Je ne pense pas qu’ils le soient plus que les habitants des autres pays européens.» Pour elle, le problème vient de l’UDC qui «ouvre un espace où des dérives xénophobes sont possibles». Le constat est partagé par le politologue genevois Pascal Sciarini: pas si sûr qu’ailleurs l’initiative UDC n’ait pas rencontré le même succès, même s’il reconnaît que «les Suisses sont un peuple particulièrement conservateur». «La différence, relève-t-il, c’est que le système de démocratie directe permet aux Suisses de voter.»
«Recours à la peur»
La montée de la droite populiste et nationaliste essaime partout en Europe, rappelle le politologue autrichien Reinhold Gärtner qui assimile le vote de dimanche à «un signe de xénophobie»: «En Autriche, des initiatives similaires sont portées par le FPÖ.» Leur point commun: «le recours à la peur générée par les flux migratoires et aux émotions négatives», relève-t-il.

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