Chauny (Aisne) était le théâtre depuis plusieurs mois (fin 2008 et début 2009) de l’activisme d’un groupe de jeunes d’extrême droite proche des mouvements de skinheads-néonazis. Ils arboraient des tenues ne laissant aucun doute sur leur appartenance politique et se manifestaient par des insultes à caractère raciste, des saluts hitlériens et des provocations violentes envers les jeunes d’origine maghrébine causant des affrontements desquels ces derniers sortaient souvent les plus durement sanctionnés devant les tribunaux.
Ces jeunes fachos devenaient suffisamment formés et organisés (notamment à travers la création d’une association contre le racisme antiblancs dissoute depuis). Ils organisaient leur activité autour des deux lycées de la ville et de la gare routière, par des rassemblements hebdomadaires.
Les seules réponses institutionnelles de l’État et des élus furent la surveillance et la répression. La presse locale a souvent classé ces affrontements au rang des faits divers sans aucune analyse approfondie.
Création du collectif
L’initiative fut prise par des militants libertaires (du groupe Union action révolution autogestion) qui ont lancé l’idée d’une manifestation chaunoise par la diffusion de tracts et par Internet. La création du collectif antifasciste axonais a ensuite agrégé le NPA et les libertaires organisés dans la ville (CNT, FA) ; puis la sphère associative (Ligue des droits de l’homme, Mémoire juive et éducation, SOS racisme...). L’élargissement fut faible au niveau politique (Gauche unitaire et le Parti de gauche). Il en fut de même au niveau syndical : Solidaires a très vite rallié l’organisation de la manifestation puis seule la CGT éduc’action les a rejoints.
La manifestation, point d’orgue de la mobilisation
Rassembler 400 personnes dans les rues de la ville fut une grande victoire, avec le soutien de militants de Paris et Lille. La peur des petits commerçants, la désinformation de la presse locale n’avaient pas facilité les préparatifs. Un rassemblement devant le musée de la Résistance et de la Déportation à Tergnier (ville voisine) avait pourtant permis au collectif de se présenter. La manifestation a laissé une grande place aux jeunes des quartiers populaires. Ceux d’entre eux issus de l’immigration ont pu reprendre le « territoire » du centre-ville souvent occupé par les skinheads-néonazis. Le passage devant l’usine Nexans, récemment fermée pour sauvegarder les profits des actionnaires, a réaffirmé que les idées d’extrême droite germent souvent du sentiment d’impuissance face aux désastres sociaux qui incite à chercher des boucs émissaires.
Une volonté éducative
Le collectif a fait le choix d’éditer régulièrement un bulletin : L’Aisne sans haine. Il se donne désormais pour objectif d’organiser une fête multiculturelle avec des associations locales et de mener des actions éducatives dans les établissements scolaires du département.
Clément L.
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