Même s’il reconnait qu’il apparait “sûrement comme le plus légitime”, Fabrice Robert assure que “ce n’est pas automatique que le président du parti soit candidat. On veut un mouvement de chefs, pas le parti d’un chef”.
En tout cas, difficile de ne pas penser à une éventuelle candidature de M. Robert, 39 ans. Lundi 6 septembre, il a en effet publié un long texte intitulé “Retour sur un parcours personnel” qui fait figure de petit évènement.Un exercice dans lequel le président du Bloc Identitaire prend publiquement ses distances, la maturité aidant, avec certains de ses engagements antérieurs. Un peu comme s’il souhaitait lever l’hypothèque, dans le cadre d’une éventuelle candidature présidentielle, des éléments “sulfureux” de son passé politique : ses prises de position négationnistes d’hier avec lesquelles il dit avoir rompu aujourd’hui, son passé nationaliste-révolutionnaire, son passage chez les skinheads d’extrême droite, l’”affaire”Brunerie, ou encore son groupe de rock anticommuniste Fraction. Dans cet exercice inédit de mise à plat, il omet toutefois des épisodes moins “radicaux” de son parcours comme son passage à Nouvelle Résistance de Christian Bouchet, la création du label Bleu-Blanc-Rock ou encore son mandat d’élu local FN.
Ce texte, qu’il assure “sincère”, aurait été rédigé parce que “plus le Bloc se développe, plus les médias rappellent des éléments de [son] parcours”. “Un, je ne renie rien. Deux, tout ce ce que j’ai vécu depuis vingt ans, m’a formé. C’est important de montrer qu’il y a une évolution, il ya 20 ans, j’étais un militant nationaliste radical et en 20 ans on peut changer.” Et M. Robert d’ajouter: “Il y a aussi des militants nationalistes qui ne comprennent pas l’évolution du Bloc, c’est bien de remettre les points sur les i”.
Des “contacts” avec Marine Le Pen
Le texte de M. Robert illustre toute l’ambigüité du Bloc Identitaire aujourd’hui. D’une part des dirigeants, quadragénaires et au delà,qui affichent leur volonté de s’extraire d’un milieu nationaliste qui les a formés pour faire de la politique en grand ; de l’autre des jeunes attirés par l’image de radicalité que véhiculent les structures et les sites du Bloc identitaire qui leur sont destinés. La nébuleuse identitaire envoie des signaux contradictoires: Quid de la contre-culture, clairement influencée par les néo-fascistes italiens, véhiculée par des sites proches du bloc? Quid de la branche jeunesse parisienne du BI, le Projet Apache, qui a investi le milieu hooligan d’extrême droite du Parc des Princes? Et de certains militants ou cadres régionaux qui se réclament clairement d’une extrême droite radicale?Dans son texte, par exemple, M. Robert mentionne son passage chez les skinheads d’extrême droite. Une manière de ne pas taire cet épisode. Mais qui peut aussi avoir pour effet de ne pas le couper du milieu radical. Ainsi, le 8 septembre, à la manifestation de soutien pour René Galinier, organisée par le BI, des membres du Renouveau Français et des hooligans du PSG étaient présents. Pas de problème pour M. Robert à condition “qu’ils n’affichent pas leurs couleurs”.
Le texte de Fabrice Robert sonne donc comme le premier acte de sa candidature. Candidature qui lui servirait de tremplin avant de rejoindre les rangs du FN? Il n’a jamais caché qu’il y avait des “contacts” entre lui et Marine Le Pen. Cette dernière, qui s’est rapprochée des thématiques défendues par le Bloc identitaire, spécialement sur l’islam, a même évoqué récemment, un éventuel débauchage de M. Robert. Il apporterait en effet des troupes jeunes, une maîtrise des outils de communication comme Internet et une science du buzz qui s’est encore vérifiée avec l’apéro saucisson-pinard à la Goutte d’Or du 18 juin.
Lui se défend de “vouloir faire carrière au FN”. “Le Bloc a un positionnement différent des autres partis politiques et il est légitime de présenter une candidature et diffuser notre message. On va marquer une différence avec le FN”. Mais M. Robert reconnait que cette candidature identitaire pourrait créer un “rapport de force” favorable pour lui. “En politique, c’est une histoire de rapport de force. Ce qui n’empêche pas à terme de garder nos relations cordiales avec Marine Le Pen.” Reste à savoir comment Marine Le Pen, si elle est candidate, prendra cette concurrence directe sur son terrain.Les deux points essentiels du texte
Sur le négationnisme. M. Robert- qui a été condamné alors qu’il avait 19 ans pour diffusion d’écrits négationnistes- nous assure qu’“il ne l’est plus”. Et ajoute: “J’ai aussi été intéressé par la question sioniste, aujourd’hui on nous soupçonne d’être proches des sionistes. Sur ces éléments il y a une rupture. Je ne suis plus intéressé par la question sioniste, c’est une solution de facilité, c’est un aveu de faiblesse.”Sur l’”affaire” Brunerie. Le Bloc identitaire est né après la dissolution d’Unité radicale, en 2002, après que Maxime Brunerie, un de ses militants, a tiré sur Jacques Chirac. Fabrice Robert nie l’appartenance de M. Brunerie à Unité radicale au moment des faits. “Il était au MNR”.
Pour autant, Christian Bouchet, qui était alors secrétaire général d’Unité Radicale nous a confié qu’il “se souvenait très bien d’avoir fait la carte de Maxime Brunerie.” Et raconte: “A l’époque, nous étions présents dans le MNR en tant que “fraction”, donc on pouvait avoir une carte dans les deux organisations. Maxime Brunerie m’a écrit une lettre d’adhésion”. Des affirmations que Fabrice Robert nie fermement.
M. Robert assure que le Bloc n’a “plus rien à voir avec Unité radicale” et que “ressasser à chaque fois cette histoire, c’est de la malhonnêteté intellectuelle”.
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