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lundi 7 juin 2010

Hortefeux condamné pour «injure raciale» et soutenu par Fillon

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, le 3 juin  2010 à Luxembourg.

Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, le 3 juin 2010 à Luxembourg. (AFP Georges Gobet)

Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux a été condamné vendredi par le tribunal correctionnel de Paris pour injure raciale à une amende contraventionnelle de 750 euros, après des propos adressés en septembre à un jeune militant UMP d’origine arabe.

A la sortie de l'audience, l'un de ses avocats, Me Nicolas Bénoit, a annoncé que Brice Hortefeux allait «immédiatement» faire appel.

Le 16 avril, à l’audience devant la 17e chambre correctionnelle, le procureur François Cordier avait reconnu que les paroles poursuivies étaient bien «outrageantes», mais avait requis la relaxe. Il avait en effet émis un doute sur le caractère public de l’échange au cours duquel M. Hortefeux s’était exprimé, à l’université d’été de l’UMP à Seignosse (Landes).

«Démission»

Le Mrap, partie civile, a réclamé la «démission du ministre», saluant une condamnation qui, selon plusieurs avocats spécialisés interrogés par l’AFP, est la première d’un ministre de la Ve République pour «injure raciale».

«C’est une grande grande victoire pour la justice et contre le racisme», lui a répondu Me Pierre Mairat, l’avocat du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples qui s’est vu octroyer 2.000 euros de dommages et intérêts.

Le président du Mrap, Mouloud Aounit, a demandé la «démission» de M. Hortefeux, annonçant que son mouvement ferait appel pour que la condamnation soit «confirmée» et «rehaussée».

Prenant le parti de son ministre, le chef du gouvernement, François Fillon, a «réaffirmé son soutien», «son amitié» et «sa confiance» à Brice Hortefeux. Le secrétaire général de l’UMP, Xavier Bertrand, a jugé «honteuses» et «déplacées» les demandes de démission.

Côté socialistes, une semaine après le déchaînement UMP contre le parallèle établi par Martine Aubry entre l’escroc Madoff et Nicolas Sarkozy, cette condamnation tombe à pic. «Dans la République exemplaire de Nicolas Sarkozy, s’est indigné Benoît Hamon, il ne devrait pas y avoir de place pour un ministre de l’Intérieur condamné pour injure raciale.» «A nos yeux, la dignité, c’est d’abord de commencer à s’excuser et ensuite de partir», a asséné le porte-parole du PS. Ségolène Royal a jugé, elle, que ce n’est «vraiment pas glorieux».

«Outrageant, voire méprisant»

Début septembre, Brice Hortefeux s’était retrouvé au coeur d’une vive polémique après la diffusion sur le monde.fr d’une vidéo où il tenait des propos ambigus pendant qu’il posait avec un jeune militant, Amine, né de père algérien, au campus de l’UMP.

Dans l’échange incriminé, une militante expliquait à M. Hortefeux qu’Amine mangeait du cochon et buvait de la bière, ce à quoi le ministre rétorquait: «Ah mais ça ne va pas du tout, alors, il ne correspond pas du tout au prototype».

Dans un second temps, il avait ajouté: «Il en faut toujours un. Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes». Vendredi, le tribunal a estimé que la première phrase poursuivie était certes «malheureuse et incongrue», mais «pas outrageante». Il a relaxé le ministre pour ces mots.

En revanche, il a considéré que la seconde sortie était «outrageante sinon méprisante» et qu’elle stigmatisait les personnes d’origine arabe, «présentées négativement du seul fait de leur origine».

Brice Hortefeux ne pouvant «être pénalement comptable d’un propos non destiné à être entendu», le tribunal a requalifié le délit en simple contravention de 4e classe. A ce titre, Brice Hortefeux devra payer une amende de 750 euros et verser 2.000 euros de dommages et intérêts au Mrap, partie civile.

(Source AFP)


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