Guillaume Ayné, directeur général de SOS Racisme, revient sur la décision du tribunal correctionnel de Paris, qui a condamné le ministre de l'Intérieur à une amende de 750 euros pour injure raciale.
Brice Hortefeux a été condamné par le tribunal correctionnel de Paris à une amende de 750 euros et 2.000 euros de dommages et intérêts. (AFP)
Brice Hortefeux a été condamné à 750 euros d'amende et 2.000 euros de dommages et intérêts pour injure raciale. Que pensez-vous de cette décision ?
- Le tribunal a reconnu le caractère stigmatisant des propos du ministre de l'Intérieur. Il s'agit d'une décision qui intervient dans un climat particulièrement nauséabond, marqué par une augmentation des préjugés racistes, comme l'a révélé un récent sondage de l'institut BVA pour l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS Racisme.
En quoi cette condamnation est-elle importante ?
- Ce procès a avant tout une vertu pédagogique, puisqu'il symbolise la reconnaissance de l'existence d'un délit qui n'est pas anodin. Il vient en outre rappeler la nécessité de retenue dans la parole publique. En effet, lorsque des figures d'autorités tiennent des propos à caractère stigmatisant, les effets sur la montée des préjugés dans notre société sont particulièrement accablants, d'autant plus s'il s'agit de personnages de premier plan.
Pourquoi ces mots ont plus d'importance lorsqu'ils sortent de la bouche de personnalités publiques ?
- En septembre 2009, les dires de Brice Hortefeux avaient provoqué un véritable tollé, ces faits coïncidant avec une période marquée par un sentiment de stigmatisation chez certaines catégories de la population. De tels propos prononcés par des figures publiques ont des répercussions et peuvent blesser bon nombre de personnes.
Estimez-vous que la condamnation qui a été infligée à Brice Hortefeux est à la hauteur de ses actes ?
- Ce n'est pas tant l'amende qui importe, puisque celle-ci est cohérente avec la jurisprudence, concernant les propos prononcés dans un cadre privé. Nous espérons que cette décision va avoir pour principal effet de mettre fin à la pandémie de "dérapages" stigmatisant tenus par de trop nombreux responsables politiques, laquelle vient fissurer profondément le vivre ensemble depuis quelques mois.
L'un des conseillers de Brice Hortefeux a annoncé que ce dernier allait faire appel. Cette décision vous surprend-elle ?
- On s'y attendait, mais il ferait mieux de s'excuser et de faire profil bas, surtout après la logique de communication qu'il a entretenu l'an dernier et qui avait été marquée par des explications burlesques. Brice Hortefeux avait notamment laissé entendre que ses propos incriminaient les Auvergnats.
Interview de Guillaume Ayné, directeur général de SOS Racisme, par Agathe Heintz (4 juin 2010).
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