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lundi 31 mai 2010

Cliché d’une France pleine de préjugés

Sale temps pour la tolérance et le respect de l’autre : les préjugés exprimés par les Français sur les Arabes, les Juifs ou les homosexuels sont en augmentation, d’après un sondage de l’institut BVA pour l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et SOS Racisme. Cette enquête (1) a été dévoilée hier à l’occasion des Assises de la lutte contre les préjugés qui se tenaient dans les murs de Sciences Po. Ces assises, auxquelles participaient une quarantaine de responsables associatifs et politiques, devaient aborder les questions de la montée de la xénophobie en Europe et du passage à l’acte. «Après un an de matraquage stigmatisant envers les populations arabes et musulmanes, les préjugés ont plus que doublé par rapport à l’an dernier», déplore Arielle Schwab, présidente de l’Union des étudiants juifs de France.

«Importation». Les Arabes sont perçus comme délinquants par 27,6% des sondés contre 12% lors d’une enquête effectuée l’an dernier par l’institut CSA. Pour près d’un Français sur deux (49%), «les étrangers savent mieux profiter du système de protection sociale que les autres». Près de 30% des personnes interrogées considèrent que les Noirs sont plus forts physiquement que les autres et 30% que les Juifs ont plus d’influence que les autres dans la finance et les médias. «On assiste à une libération de la parole raciste depuis plusieurs mois», accuse Dominique Sopo, président de SOS Racisme, pointant en particulier «la tentative d’importation du débat sur l’interdiction des minarets» , «le débat sur l’identité nationale» et «le débat sur la burqa, posé de façon extrêmement malsaine».

«Indignation». Pour l’UEJF, «les préjugés se répandent et se banalisent» : les Français sont deux fois moins nombreux que l’an dernier à se dire homophobes (4% se revendiquent homophobes, contre 8% en 2009), pourtant les préjugés homophobes sont repris par 12% des personnes interrogées contre 8% l’an dernier. Parmi les sondés qui se disent «non racistes», 32% ne réagissent pas devant un préjugé raciste. «La capacité d’indignation des Français est en déclin», s’inquiète Arielle Schwab.

Ce matin, la Commission nationale consultative des droits de l’homme doit dévoiler son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie.

(1) Sondage réalisé du 21 au 22 mai auprès d’un échantillon de 1 029 personnes âgées de 15 ans et plus, selon la méthode des quotas.


Cliché d’une France pleine de préjugés - Libération

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