SOS Racisme apprend avec étonnement que le Gouvernement a décidé de soumettre un projet de loi d’interdiction générale de la burqa dans l’espace public. En effet, il est pour le moins étrange qu’un Gouvernement, en toute connaissance de cause, décide de proposer aux parlementaires une loi dont la nature la rend, selon l’avis même du Conseil d’Etat, contraire à la Constitution et à la Convention Européenne des Droits de l’Homme.
Cette décision montre que le débat sur la burqa, bien loin de s’intéresser au sort des femmes qui seraient victimes de cette pratique, est empreint d’une logique populiste contraire aux valeurs du vivre ensemble que chacun prétend pourtant défendre.
En outre, les responsables politiques de notre pays seraient sans doute bien plus crédibles à prétendre vouloir s’intéresser au sort des femmes et aux logiques de repli s’ils faisaient leur propre critique sur leurs pratiques détestables. Celle consistant par exemple à ne pas lutter contre les logiques de ségrégation et de discrimination, créant ainsi un terreau favorable à un recul de la crédibilité du discours républicain. Ou celle consistant à ne traiter certaines populations qu’à travers le prisme de leur « appartenance » ethnique ou religieuse, enjoignant ainsi des parties de la population à devoir faire le jeu de la carte communautaire pour pouvoir exister dans le champ citoyen.
Lutter pour le droit des femmes est indissociable du combat antiraciste mais le présent projet de loi ne poursuit en aucune façon cette finalité, comme l’a montré d’ailleurs le peu de hauteur républicaine prise par les travaux parlementaires sur ce sujet. Il s’inscrit tout au contraire dans un contexte de stigmatisation dont les responsables politiques sont en tous points responsables.
Bien loin de cette logique de stigmatisation, les responsables politiques seraient bien plus crédibles, dans la lutte pour le droit des femmes, s’ils décidaient, par exemple, de lutter réellement contre les sectes (et non de vivre dans une époque où les armes juridiques à leur encontre ont tendance à s’assouplir par la grâce d’étranges amendements parlementaires) ou de briser les réseaux islamistes plutôt que de « dealer » la paix sociale et le contrôle politique de certaines populations avec eux.
Interdiction de la burqa dans l’espace public : le simplisme populiste en action ! - SOS-Racisme - Touche pas à mon pote !: "Interdiction de la burqa dans l’espace public : le simplisme populiste en action !"
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