Lundi 1er mars, une initiative inédite s'est déroulée dans toute la France et à Lyon en particulier. A l'initiative d'un collectif national, les immigrés ou descendants d'immigrés étaient invités à “ne pas participer à la vie économique” afin de montrer la place prépondérante qu'ils occupent dans la société
Il est 13h, place des Terreaux. A l’heure de la pause déjeuner, une centaine de personnes (selon la police) sont rassemblées devant la mairie de Lyon, place des Terreaux. Certains brandissent panneaux et banderoles sur lesquels sont inscrits des slogans tels que "y en a marre", "aujourd'hui c'est sans nous", "liberté, égalité, fraternité, voilà notre identité", "stop aux amalgames".
Membres du collectif "la journée sans immigrés, 24 heures sans nous", militants politiques ou soutiens de l’initiative, la plupart des participants sont plutôt jeunes. Peut-être est-ce dû à l’origine de l’appel qui a d’abord circulé sur Facebook ? Selon Karima Ibnou, une adhérente du collectif, la journée s'adresse “à tous les citoyens immigrés, fils d'immigrés, ou autres qui sont conscients que l'immigration est un apport pour la société". Cette agent de service de 30 ans dans un hôpital lyonnais a pris un jour de congé pour participer à la journée. Elle veut montrer que les immigrés ne sont pas que “des personnes qui portent des casquettes à l'envers et qui parlent le verlan", en référence aux déclarations récentes de la ministre déléguée à la famille Nadine Morano.
Amerniss, “Français d'origine Maghrébine”, comme il se présente lui-même, est enthousiasmé par ce rassemblement, "cette journée n'est qu'un commencement. L'action ira beaucoup plus loin". Comme Karima Ibnou, il pense que si une telle manifestation est organisée à l'avance et mieux médiatisée la France pourrait être “complètement paralysée" à l'avenir. Abdelkader, un militant du mouvement des jeunes socialistes (MJS) affirme que "cette journée est l'occasion de contrer le débat sur l'identité nationale renforcé par des polémiques telles que le Quick Halal, mais aussi de dire que les descendants d'immigrés sont des citoyens Français comme les autres".
Pendant ce temps-là, Nour-Eddine Alqassam s’adresse à la foule à l’aide d’un mégaphone : "l'immigration est une chance pour la France". Malgré la faible affluence, cet étudiant en droit-sciences-politiques, considère cette journée comme “une victoire” : “ça nous a permis de faire prendre conscience qu'immigré n’est pas un terme péjoratif. Nous sommes des citoyens français avec “un plus”. Nos identités sont autant de richesse que nous apportons à la France”. Avec les autres membres du collectif, il souhaiterait créer un “comité de vigilance” pour sanctionner tous les dérapages liés à l’immigration.
Cette journée test pour le nouveau collectif, a été ternie, à Lyon, par l'intervention le matin même des jeunes identitaires de Rebeyne, un groupuscule lyonnais d'extrême-droite qui a profité de l'occasion pour faire parler de lui. En effet, dès sept heures du matin, ses membres ont déployé sur le toit de la gare routière de Perrache, une banderole d'une trentaine de mètres sur laquelle on pouvait lire: "c'est la journée sans immigrés, un rêve devenu réalité". La police a indiqué que la banderole n'avait tenu que le temps de prendre une photo et qu'elle avait ensuite été enlevée.
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