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mercredi 30 décembre 2009

Débat sur l'identité nationale : bilan d'étape - Contre débat sur l'identité nationale - Information NouvelObs.com

Deux mois à peine après son lancement, le grand débat d'Eric Besson a déjà au compteur commentaires racistes, islamophobes et levée de boucliers à gauche comme à droite. Un résultat qui semble cependant le satisfaire, au point qu'il prolonge le débat jusqu'à fin 2010.

Eric Besson (AFP)

Eric Besson (AFP)

Le "noble" débat sur l'identité nationale, comme l'a récemment qualifié Nicolas Sarkozy, a beau tourner au vinaigre deux mois à peine après son lancement en grande pompe, Eric Besson fait la sourde oreille et le défend mordicus. Le ministre de l'Identité nationale et de l'Immigration a assuré une nouvelle fois, mardi 22 décembre sur RTL, "faire bien vivre" ce qu'il affirme être "un immense succès populaire". Et alors que les voix sont de plus en plus nombreuses à l'accuser d'avoir ouvert les vannes du racisme et fait le jeu, à trois mois des élections régionales, du FN (qui se frotte les mains en voyant sa cote remonter), il soutient que les critiquent ramènent "à la toute petite exception la forêt qui, elle, est intéressante et généreuse". Pourtant, les semaines qui viennent de s'écouler ont montré qu'il ne faisait pas bon se promener dans ses sous-bois.

Un débat raciste et islamophobe


Le site consacré au débat, sur lequel le ministre revendiquait il y a quelques jours pas moins de 40.000 contributions, est un cocktail de réflexions douteuses, voire tout bonnement racistes. Il y a "6 à 7% de messages racistes ou xénophobes qui ont été enlevés" par les modérateurs sur le site, reconnaissait d'ailleurs Eric Besson, début décembre. Un chiffre pourtant bien en-deçà de la réalité, pouvait-on constater à l'époque. Mais allez savoir comment un ministre qui estime que les "réflexions de comptoir, cela fait partie de notre identité nationale", sépare le bon grain de l'ivraie. Quant aux débats organisés par les préfectures un peu partout en France, il semble qu'ils fassent rarement salle comble et que la teneur n'en soit pas bien meilleure. Difficile d'obtenir un bon débat, pourra-t-on objecter, quand il est mené par un parti qui compte en son sein des contributeurs comme le maire de Gussainville, qui estime "il est temps qu'on réagisse parce qu'on va se faire bouffer", sous-entendu par les immigrés, et comme la secretaire d'Etat à la Famille Nadine Morano qui attend d'un jeune musulman "qu'il trouve un travail, qu'il ne parle pas le verlan, qu'il ne mette pas sa casquette à l'envers".
Le débat sur l'identité nationale a donc tourné à la polémique nauséabonde sur l'islam et l'immigration. C'était pourtant couru d'avance. Sachant que sur le site même du débat, il était annoncé d'entrée de jeu qu'il devait répondre "aux préoccupations soulevées par la résurgence de certains communautarismes, dont l’affaire de la Burqa est l’une des illustrations." A bon entendeur salut. Le glissement, déjà bien entamé, a ensuite été alimenté par le référendum suisse sur l'interdiction des minarets. Même Nicolas Sarkozy s'est fait piéger, en faisant de la question des minarets une question d'"identité". Idem pour François Fillon, qui a consacré aux musulmans son discours de clôture d'un colloque de l'Institut Montaigne portant sur l'identité nationale, et non sur l'islam.


Envers et contre tout


Aujourd'hui, la question n'est même plus de savoir s'il faut cautionner ou non le débat, comme c'était le cas il y a encore quelques semaines, mais de décider s'il faut l'arrêter ou non. Les pétitions et les appels à mettre le holà à ce qui devient un dangereux fourre-tout se multiplient : il y a eu l'appel de Mediapart à refuser tout bonnement de participer au débat, la pétition de SOS Racisme demandant à Nicolas Sarkozy de "mettre fin aux réunions publiques" lancées dans le cadre du débat, et même une tribune publiée par vingt chercheurs, philosophes, historiens, sociologues dans Libération réclamant la suppression du ministère de l'Identité nationale et de l'Immigration, accusé de mettre "en danger la démocratie"…
Sans compter que si la gauche a majoritairement donné de la voix contre ce débat, la droite a vu Yazid Sabeg, Dominique de Villepin, François Baroin, Jean-Pierre Raffarin ou encore Alain Juppé se désolidariser d'Eric Besson. Mais il faut croire que même les sondages le laissent de marbre. Les 29% de Français qui souhaitent l'arrêt du débat additionnés aux 21% qui veulent sa suspension n'auront pour toute réponse que la promesse d'Eric Besson de reporter la fin du débat, initialement prévue fin janvier, à décembre 2010. Une sorte de croisade envers et contre tout qu'il compte mener quitte à y laisser sa peau : "Si d'aventure dans quelques mois on trouvait que le débat avait été mal mené, ce serait de ma responsabilité", déclarait-il mardi. Et dire que personne ne sait ce qu'il veut faire de ce débat.

S. H.-L. (Nouvelobs.com)
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