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lundi 31 août 2009

Moscato dérape : le racisme anti-asiatique davantage toléré ? | Rue89

L'AS Saint-Etienne vient de porter plainte contre RMC après la tenue par Vincent Moscato, le 22 août, de propos qualifiés par le club « d'injures raciales » à l'encontre de Vincent Tong Cuong, directeur général du club de football. L'affaire ne fait pas grand bruit : dans l'échelle de l'indignation, certains racismes pèsent moins lourd que d'autres.

Au cours de l'émission « Les paris de RMC », le 22 août dernier, en direct sur l'antenne, un auditeur provoque l'hilarité en ironisant sur les origines de Vincent Tong Cuong : « Comment il s'appelle l'autre là, le Chinois ? Chong-Chong ? . »

Ni une ni deux, l'ancien rugbyman reconverti en animateur réplique sur le même ton : « Ils ont recruté un Chinois ? Non, c'est pas possible ! (…) On aura tout vu dans ce championnat ! ». Avant d'enchaîner les « blagues » sur les délocalisations et le travail des enfants.

L'ex-rugbyman s'est mollement excusé quelques jours plus tard à l'antenne d'avoir « froissé des personnes ». Mais bon, c'était vraiment pour rigoler : « Des fois on a un peu d'enthousiasme, faut pas le prendre mal. » (Ecouter le son, monté par Le Post)

« Parler du travail des enfants va au-delà de l'humour potache »

Si l'affaire n'enflamme pas le débat national, elle met Felix Wu hors de lui. Le président de l'association pour la promotion et la défense des cultures asiatiques et ancien candidat aux municipales de 2008 dans le XIIIe arrondissement de Paris fulmine :

« Parler de délocalisations et de travail des enfants va bien au-delà de l'humour potache. Cela montre que ce genre de préjugés racistes est intégré et partagé par l'ensemble de la population française.

Les Chinois forment une communauté très discrète, sujette à toutes les attaques, et ce d'autant plus qu'elle réussit relativement bien notamment dans le petit commerce.

Ce sont les boucs émissaires nécessaires pour une population qui n'arrive pas à trouver de solutions aux échecs des politiques menées en France.

Quand on interroge des ouvriers au fin fond d'une usine, c'est tout de suite : “On a peur parce que les Chinois vont nous bouffer.” On ne parle pas du Brésil ou de l'Inde, qui est une puissance extrêmement importante, avec un taux de croissance similaire à la Chine. »

Le racisme anti-asiatique est sous-médiatisé

Le seuil de tolérance envers le racisme anti-asiatique est-il plus élevé que pour celui des autres communautés ? Pour Dominique Sopo, président de l'association SOS-racisme, cela ne fait aucun doute :

« Il n'y a pas de contentieux colonial entre Français et Asiatiques comme il peut y en avoir entre la population française et les Noirs ou les Arabes. Le racisme anti-noir ou anti-juif est assimilé, souvent à raison d'ailleurs, à une résurgence d'un passé lourd. »

Le très faible nombre de plaintes de gens qui se disent victimes de propos racistes participe également à une sous-médiatisation du phénomène « anti-chinois » pourtant bien réel.

« C'est dur pour les associations de se substituer aux victimes. “L'affaire Moscato” fait du bruit parce que quelqu'un s'est manifesté. »

On est encore loin du buzz, mais Félix Wu veut lui aussi penser que ces propos ont quelque-chose de « salvateur » :

« Finalement c'est presque une bonne chose que quelqu'un comme Moscato dise tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ça va peut-être permettre une prise de conscience.

Il faut que les communautés asiatiques s'organisent, comme le Conseil représentatif des associations noires (Cran) ou le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) l'ont fait. »

Illustration : pochette du single de Vincent Moscato, « Moscadanse ».


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