SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

lundi 10 août 2009

Infecte cuisine Chez Oscar - l'Humanite

RESTAURATION. Dans l’établissement parisien Chez Oscar, les salariés sont en grève et accusent leurs patrons de racisme et d’avoir menacé de mort l’un d’entre eux.

En grève depuis six jours. En grève de la faim depuis trois jours. Le restaurant parisien Chez Oscar, près de la Bastille, est le théâtre d’un très radical conflit social. Devant l’établissement fermé, des matelas sont disposés pour ceux qui ont cessé de s’alimenter. Distribution de tracts aux passants, affichettes rouges de la CGT, caisse de solidarité sur une table de camping…

CONFRONTATION AU COMMISSARIAT

Sept salariés sur quatorze sont entrés dans le mouvement et accusent le gérant de l’établissement, Philippe Maurice, de faits très graves : insultes racistes, harcèlement moral, non-versement de la paye de juillet… Quant au directeur, Achour Senane, il aurait menacé de mort le délégué syndical CGT, Amokrane Yalali. L’affaire déborde le cadre de l’entreprise. SOS Racisme a été alerté. Les salariés ont porté plainte et une confrontation a eu lieu mercredi soir au commissariat entre le syndicaliste et le directeur. Celui-ci parle de « simple chamaillerie ». Le climat social dans le restaurant s’est brusquement dégradé le 21 mai dernier avec l’arrivée du nouveau propriétaire et gérant, Philippe Maurice, à la tête de la SARL Bastille Village. Dès le premier jour, raconte Amokrane Yalali, le nouveau patron a agressé verbalement le cuisinier. L’intervention du délégué syndical lui a valu d’être licencié et une grève immédiate de plusieurs jours a permis sa réintégration. Les problèmes n’étaient pas finis pour autant : « Le gérant ne dit jamais bonjour aux salariés d’origine arabe ou africaine », poursuit Amokrane Yalali. Dans la main courante déposée au commissariat, les salariés affirment avoir été traités de « sale Arabe » ou « sale Nègre ». Belaïd Boulbaba, commis de cuisine, raconte qu’un jour son chef renverse la poubelle et lui ordonne : « Ramasse ! C’est un travail pour les Arabes ! » Habib El Benna, vingt-deux ans d’ancienneté, est quant à lui accusé de vols : « La direction a trouvé ce moyen pour nous mettre la pression, nous faire partir. »

L’ÉTAT RESPONSABLE D’INERTIE

Outre les agressions racistes et autres humiliations, le personnel mobilisé rappelle que les salaires de juillet n’ont pas été versés. Quant à Stéphane Daniaud, second de cuisine, il n’a plus été payé depuis le mois de mai. Selon les salariés, leur patron ne verserait pas non plus les cotisations à l’URSSAF. Samedi dernier, au matin, la moitié du personnel entame donc un mouvement de grève. Le jour même, le patron réplique en décidant le lock out. Depuis, le restaurant est fermé. Mardi, quatre salariés amplifient le mouvement et débutent une grève de la faim. Leur objectif ? « Que justice soit faite ! répond Amokrane Yalali. Nous voulons que les injures racistes soient reconnues, que nos droits soient reconnus. » Les ponts sont pour le moment rompus entre les grévistes et le gérant. Celui-ci a pénétré hier matin dans le restaurant avec son avocat, mais aucun dialogue ne s’est établi. Olivier Villeret, de l’union locale CGT, pointe quant à lui la responsabilité des pouvoirs publics : « Les patrons font ce qu’ils veulent dans une impunité la plus totale ! » Le lock out, dans le cas présent, porte en effet atteinte au droit de grève. Hier matin, les salariés mobilisés apprenaient une information qui leur donnait espoir : sur décision du procureur, le directeur Achour Senane, accusé d’avoir proféré des menaces de mort, sera déféré devant le parquet.

Bruno Vincens



Infecte cuisine Chez Oscar - l'Humanite

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