L'une souffre d'un cancer du pancréas, l'autre a dû bénéficier en extrême urgence d'une greffe du foie. Toutes deux sont Algériennes. Elles ont bénéficié de traitement de pointe de la part des hôpitaux français, mais ont eu maille à partir avec les autorités, car étrangères. Au point, pour l'une au moins des deux, d'y avoir peut-être laissé sa vie.
Dans Libération du 10 août, je relatais le cas de cette algérienne atteinte d'un cancer, qui a du attendre deux mois à Alger où elle avait eu l'imprudence de faire un saut en cours de traitement, avant que les autorités françaises ne la laissent revenir alors qu'elle est titulaire d'une attestation provisoire de séjour pour raisons médicales.
Parmi les commentaires reçus des internautes, certains s'inquiètent du coût de la prise en charge médicale de cette femme, pour la France. Réponse: son transfert ici a été décidé conjointement par les autorités médicales et administratives des deux pays. La première année, la France n'a rien payé, l'Algérie prenant en charge la totalité des frais.
Puis, malgré les traitements, il s'est avéré que sa maladie s'aggravait. Cette femme bénéficie aujourd'hui d'un protocole international expérimental. A ce titre, son statut va changer, et elle sera prise en charge par la France. Mais on peut considérer qu'elle fait avancer la médecine.
Ce matin, l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé) m'a envoyé cette autre histoire, transmise par l'un de ses bénévoles.
"Je me permets de vous signaler un cas similaire dont je me suis occupé l'été dernier (2008), relate-t-il.
Il s'agissait d'une toubib algérienne qui lors d'un symposium en France pour lequel elle avait eu un visa, a fait un coma et a abouti à la Salpêtrière pour greffe du foie.
Passé les 3 mois de son titre de séjour, elle a fait les démarches nécessaires à la Préfecture de Police pour obtenir une prolongation.
Puis, et apprenant que sa mère était au plus mal, et alors que son médecin était parti pour 5 semaines de vacances, elle a fait un saut en Algérie.
Non seulement elle n'a jamais pu ni revenir ni obtenir de visa de retour du consulat général à Alger, mais des factures de 90 jours d'hospitalisation (plus de 110.000€) ont commencé à lui arriver, à mon adresse, avec menaces d'huissiers, alors que la Salpêtrière lui avait très explicitement confirmé, à plusieurs reprises, qu'ayant été hopitalisée en urgence, elle serait prise en charge à 100%.
J'ai écrit tant au Consul général d'Alger, qu'au cabinet du ministre des Affaires étrangères (un mois après n'avoir rien reçu du Consul général), sans plus de réponse.
Le seul conseil que j'ai obtenu de la direction de la clientèle de la Salpêtrière qui connaissait très bien ce cas, c'est que la malade se cache en Algérie durant un an, jusqu'à ce que sa dette soit enterrée, et qu'elle retente une demande de visa.... si elle était encore en vie. Ce dont je doute, un an après, car je n'ai aucune nouvelle d'elle depuis plusieurs mois.
Quant à la préfecture de police, apprenant probablement que cette femme était repartie en Algérie, elle n'a jamais assuré aucun suivi de la demande de prolongation de visa de cette grande malade. Nous devions normalement recevoir une convocation de la préfecture après le dépôt de son dossier qui avait été fait en présence du représentant des usagers, nous n'avons jamais rien reçu.
Hexagone: Malades et indésirables en France
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire