La pédagogie plutôt que des statistiques ethniques pour lutter contre le racisme: des Assises tenues dimanche à Paris ont mis en avant l'importance de l'éducation pour se défaire des préjugés racistes.
Une majorité de Français (55%) ne jugent "pas efficace" la mise en place de statistiques ethniques pour lutter contre le racisme, l'antisémitisme ou les discriminations, selon un sondage CSA-UEJF-SOS Racisme publié dimanche dans Le Parisien au seuil de la semaine de lutte contre le racisme.
Ils sont 37% à estimer que cette mesure de la diversité serait au contraire "efficace" et 8% ne se prononcent pas. SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF), qui ont commandé ce sondage, ont organisé dimanche à Paris les Premières assises nationales de la lutte contre les préjugés. Les deux organisations s'appuient sur cette enquête d'opinion pour souligner que "les Français considèrent que les solutions pédagogiques sont plus efficaces" qu'une mise en perspective des différences liées à l'origine au travers des statistiques, comme le souhaite par exemple le Conseil représentatif des associations noires (Cran)... AFP
Le Monde : "Les femmes sont "faibles", les Français "blancs" : travail contre les préjugés dans un collège parisien"
Yazid Sabeg devait remettre son rapport la veille de la journée de lutte contre les discriminations. Il a été snobé par l'Elysée.
Nicolas Sarkozy s'était engagé à faire de la lutte contre les discriminations une priorité. Pour le prouver, il avait même créé en décembre dernier un poste sur mesure, celui de commissaire à la diversité et à l'égalité des chances. Problème : Yazid Sabeg, premier à l'occuper, ne brillera pas ce samedi 21 mars, pourtant grande journée internationale de lutte contre les discriminations.
Depuis des semaines, il pariait pourtant sur un rendez-vous avec Nicolas Sarkozy pour ce vendredi, c'est à dire la veille du grand jour. Il n'en sera rien : en milieu de semaine, l'Elysée signifiait au commissaire que Sarkozy ne le recevrait pas (officiellement pour des raisons d'emploi du temps).
Sabeg avait annoncé la couleur à l'avance
Entre temps, il faut dire que Yazid Sabeg a grillé quelques cartouches, annonçant début mars qu'il préconiserait le passage aux statistiques ethniques dans le rapport qu'il devait justement remettre au Président. Or ce n'est pas lui qui sera reçu à l'Elyée cette fin de semaine, mais un fervent adversaire des statistiques ethniques, en la personne de Patrick Gaubert, député européen sorti du giron de Charles Pasqua et président de la Licra, à qui Nicolas Sarkozy avait offert en novembre dernier le Haut conseil à l'intégration (HCI).
Camouflet pour Sabeg, même si son entourage préfère dire pudiquement qu'il attend juste une date du président de la République. Ce chef d'entreprise d'origine algérienne n'a pourtant pas trahi : lorsque Nicolas Sarkozy a décidé de lui tailler ce poste sur mesure, ses positions en faveur des statistiques ethniques étaient notoires.
Le 6 mars, même s'il se veut rassurant, il annonce qu'il plaise en faveur de la statistique ethnique, mais précise que ce sera seulement sur la base du volontariat et dans les limites de l'anonymat.
Sauf que Nicolas Sarkozy, lui, n'a pas une position univoque sur cette question. C'est même le moins qu'on puisse dire, si l'on décrypte ses prises de positions, plutôt friables, depuis deux ans :
- Début 2007, le candidat Sarkozy se prononce en faveur des statistiques ethniques durant la campagne pour l'élection présidentielle.
- Septembre 2007, un amendement rajoute les statistiques ethniques au projet de loi sur l'immigration que le Parlement adoptera en octobre.
- Novembre 2007, le Conseil consitutionnel sanctionne l'article 63 qui concernait les statistiques ethniques, mais pas les tests ADN car « si les traitements nécessaires à la conduite des études sur la mesure de la diversité des origines peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient reposer sur l'origine ethnique ou la race ».
- Avril 2008, Nicolas Sarkozy, qui n'a pas encore changé de position sur ce dossier officiellement, charge le comité présidé par Simone Veil de préciser si une modification de la Constitution sera nécéssaire pour procéder aux statistiques ethniques.
- Novembre 2007, le président de la République nomme au HCI Patrick Gaubert, adversaire connu des statistiques ethniques.
- 17 décembre 2008, Nicolas Sarkozy lance à grand renfort de médias le commissariat à l'égalité des chances, et nomme à sa tête Sabeg, grand défenseur des statistiques ethniques, tout en prenant acte du rapport que Simone Veil lui rend le jour-même, et qui se prononce contre.
- Janvier 2009, sur son portail, Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, écrit explicitement : « Ce que vise la République en effet, c’est que chacun puisse accéder à une citoyenneté pleine et entière avec le sentiment d’appartenir à la Nation, ce creuset qui dépasse les particularismes pour ouvrir sur l’universel. C’est pourquoi on ne peut recourir à des critères ethniques ou religieux, car cela risquerait d’enfermer chacun dans son identité et son histoire, de réveiller de vieux démons ou de remettre en cause le principe de laïcité. »
- 6 mars 2009, alors que 55% des Français et bon nombre d'associations sont contre, Yazid Sabeg persiste et signe et annonce dans un entretien au Monde les statistiques ethniques à la française, avec toutefois des gardes-fous.
- 20 mars 2009, à Bruxelles une partie de la journée, Nicolas Sarkozy boude son commissaire à l'égalité des chances à la veille de la journée de lutte contre les discriminations.... Rue 89
Juppé est contre, Darcos mitigé, Besson... on ne sait pas trop. Bref, les statistiques e thniques divisent les politiques. Tiercé du week-end donc, par ordre alphabétique. Eric Besson a rejeté le concept de statistiques ethniques. Ajoutant toutefois : "Nous avons besoin de trouver des instruments qui tout en respectant nos principes républicains fondamentaux (…) devraient nous permettre une mesure de la diversité". Et assurant : "il n’y aura pas de risques".
Réserves également de Xavier Darcos, le ministre de l'Education nationale. "Je ne suis pas par nature poussé à cette idée qu'il faudrait avoir des classements qui référeraient à des origines ethniques", a-t-il expliqué. "Ce qui est proposé là rompt avec la tradition de ce qu'est la nation française depuis le XIXe siècle." Et de rappeler que "la nation française s'est fondée sur une idée de creuset" et pas "à partir de considérations ethniques mais à partir de l'adhésion à un projet collectif de personnes venues de diverses origines et de diverses conditions."
Cette question "doit être traitée avec beaucoup de précautions", a-t-il mis en garde.
Clairement contre, pour le coup, Alain Juppé. Pour lui, "quand on met le doigt dans l'engrenage on ne sait pas où on s'arrête". "Quand j'ai créé les zones franches urbaines dans les quartiers en difficulté, c'est une forme de discrimination positive puisque l'on donne plus à ceux qui ont moins, a-t-il ajouté. Mais sur des critères objectifs ! Sur des taux de chômage, sur des niveaux de revenus, sur des taux d'illettrisme. Ça oui ! En revanche, sur la couleur de la peau, non ! Héxagone
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Malik Boutih, ancien président de SOS Racisme et membre du bureau national du PS est l'invité de 8H30 sur Radio Classique.
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