"En 2007, M. Sarkozy a capté une partie de mon électorat en copiant une partie de mon discours. C'était une arnaque car depuis, comme prévu, il dérive à gauche. Sarkozy répète sans cesse qu'il a tué le FN. Eh bien, il se trompe: le FN n'est pas mort car il chante encore. Les deux tiers de ceux de nos sympathisants qui s'étaient laissés tenter par Sarkozy sont en train de décrocher. Qui trop embrasse mal étreint."
Reconnaître pour mieux combattre. Telle est la méthode choisie par le chef de l'extrême droite âgé de 80 ans pour relever un parti aux abois, tant politiquement (les cadres en proie à une guerre de succession avec Marine Le Pen quittent le parti un à un) que financièrement (vente du siège, condamnation à rembourser sept millions d'euros de dettes auprès d'un ancien eurodéputé frontiste...).
Sarkozy trop à gauche, mais Le Pen voterait Aubry
Comme un amateur de poker plumé qui tente de se refaire en un coup, Jean-Marie Le Pen joue son va-tout. Exit la tentative de républicanisation du FN initiée par sa fille, place au spectacle. Aussi peu ragoûtant soit-il. L'interview donnée au Parisien s'apparente à un festival nauséabond.
Pour chauffer la salle, on revient d'abord sur ses dernières réussites médiatiques: Marseille ("le maire serait forcément musulman") et Dieudonné ("un chansonnier qui le mérite de la liberté"). On loue aussi "l'image du père, celle du vieux chef", "de De Gaulle à Pétain".
Et puis on accélère en convoquant "la liberté de penser et la liberté d'opinion" pour évoquer la levée de l'excommunication d'évêques négationnistes, en estimant que la crise est due à une "politique raciale des subprimes" ("on a voulu fournir des maisons à des gens qui n'avaient pas les moyens de se les payer et on l'a fait parce qu’ils étaient noirs"), ou encore en révélant avoir des actions "chez Taser".
Mais à force de flirter avec la caricature, on finit par tomber dans le ridicule. Juste après avoir dénoncé un Nicolas Sarkozy qui "dérive à gauche" et qui "ne peut pas espérer aller de l'extrême droite à MM. Besson et Kouchner", Jean-Marie Le Pen avoue qu'il "essaierait" bien... Martine Aubry, en cas de second tour PS-UMP en 2012.
Preuve, s'il en est besoin, que le toujours président du FN jusqu'en 2010 est désormais prêts à tous les arguments pour son électorat ayant troqué leur bulletin FN contre un vote UMP que l'actuel chef de l'Etat n'est qu'un gauchiste responsable du marasme économique.
Il a passé vingt ans à se présenter comme le meilleur ennemi de Jacques Chirac, il pensait la stratégie d'opposition révolue avec l'avènement de Nicolas Sarkozy, il a compris qu'il avait eu tort, et l'affirme aujourd'hui sans détour: "Sarkozy a enfilé les bottes de Chirac."
Sarkozy riposte encore avec les tests ADN... Lire la suite sur Rue 89
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire