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dimanche 15 février 2009

Pétain, le Taser et les races : Le Pen veut récupérer ses électeurs

Parrainage de la fille de Dieudonné, prédiction d'un 'Ben Gaudin' à la mairie de Marseille... Jean-Marie Le Pen cherche à exister de nouveau, avec son arme de prédilection: la provocation.
Vieille recette certes, mais seule planche de salut pour un Front national en état de décomposition avancée, qui ne désespère toutefois pas de faire revenir dans son giron les électeurs frontistes siphonnés par Nicolas Sarkozy en 2007. Et la manoeuvre vient de prendre un tournant plus patent encore, avec l'interview accordée par le leader du FN, ce dimanche au Parisien.
Il faut dire que le moment est opportun: après deux ans d'échecs électoraux, se profilent en juin les européennes au cours desquelles Jean-Marie Le Pen entend agréger les nonistes de droite. Alors, il ne prend même plus de pincettes pour évoquer le holp-up réussi de l'UMP sur ses sympathisants:
"En 2007, M. Sarkozy a capté une partie de mon électorat en copiant une partie de mon discours. C'était une arnaque car depuis, comme prévu, il dérive à gauche. Sarkozy répète sans cesse qu'il a tué le FN. Eh bien, il se trompe: le FN n'est pas mort car il chante encore. Les deux tiers de ceux de nos sympathisants qui s'étaient laissés tenter par Sarkozy sont en train de décrocher. Qui trop embrasse mal étreint."
Reconnaître pour mieux combattre. Telle est la méthode choisie par le chef de l'extrême droite âgé de 80 ans pour relever un parti aux abois, tant politiquement (les cadres en proie à une guerre de succession avec Marine Le Pen quittent le parti un à un) que financièrement (vente du siège, condamnation à rembourser sept millions d'euros de dettes auprès d'un ancien eurodéputé frontiste...).

Sarkozy trop à gauche, mais Le Pen voterait Aubry

Comme un amateur de poker plumé qui tente de se refaire en un coup, Jean-Marie Le Pen joue son va-tout. Exit la tentative de républicanisation du FN initiée par sa fille, place au spectacle. Aussi peu ragoûtant soit-il. L'interview donnée au Parisien s'apparente à un festival nauséabond.

Pour chauffer la salle, on revient d'abord sur ses dernières réussites médiatiques: Marseille ("le maire serait forcément musulman") et Dieudonné ("un chansonnier qui le mérite de la liberté"). On loue aussi "l'image du père, celle du vieux chef", "de De Gaulle à Pétain".

Et puis on accélère en convoquant "la liberté de penser et la liberté d'opinion" pour évoquer la levée de l'excommunication d'évêques négationnistes, en estimant que la crise est due à une "politique raciale des subprimes" ("on a voulu fournir des maisons à des gens qui n'avaient pas les moyens de se les payer et on l'a fait parce qu’ils étaient noirs"), ou encore en révélant avoir des actions "chez Taser".

Mais à force de flirter avec la caricature, on finit par tomber dans le ridicule. Juste après avoir dénoncé un Nicolas Sarkozy qui "dérive à gauche" et qui "ne peut pas espérer aller de l'extrême droite à MM. Besson et Kouchner", Jean-Marie Le Pen avoue qu'il "essaierait" bien... Martine Aubry, en cas de second tour PS-UMP en 2012.

Preuve, s'il en est besoin, que le toujours président du FN jusqu'en 2010 est désormais prêts à tous les arguments pour son électorat ayant troqué leur bulletin FN contre un vote UMP que l'actuel chef de l'Etat n'est qu'un gauchiste responsable du marasme économique.

Il a passé vingt ans à se présenter comme le meilleur ennemi de Jacques Chirac, il pensait la stratégie d'opposition révolue avec l'avènement de Nicolas Sarkozy, il a compris qu'il avait eu tort, et l'affirme aujourd'hui sans détour: "Sarkozy a enfilé les bottes de Chirac."

Sarkozy riposte encore avec les tests ADN... Lire la suite sur Rue 89

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