Certes, l’ancienne présidente de Ni putes ni soumises n’est pas responsable des droits des femmes, mais secrétaire d’Etat chargée de la politique de la ville. Un poste qu’elle a accepté sous la tutelle de Christine Boutin, dont l’engagement politique est tout simplement à l’opposé des valeurs féministes et laïques censées guider Ni putes ni soumises. Le tandem n’ayant pas fonctionné, Fadela Amara est passée entre les mains de Brice Hortefeux. Sans que l’on puisse mesurer s’il s’agit d’un saut qualitatif.
Personne n’imagine qu’un ralliement à ce gouvernement puisse avoir un but personnel et non l’espoir - au moins illusoire - de poursuivre en partie le combat de NPNS. Ce serait d’ailleurs un minimum sachant le coup porté par ce choix politique à l’image de l’association. Son message n’était déjà pas facile à faire passer en dehors des médias. Sur le terrain, il est vécu comme stigmatisant et assimilationniste. On imagine aisément ce qu’il en reste après avoir fait la démonstration qu’il pouvait conduire à valider les solutions du “tout-sécuritaire”…
Qu’ont gagné les droits des femmes, la laïcité et la vie des quartiers populaires en échange ? Le plan banlieue n’est pas mauvais mais ne dispose d’aucun moyen à la hauteur du défi. Son seul budget innovant consiste à aider l’école privée catholique à s’implanter en banlieue. Alors qu’au même moment, ce gouvernement s’apprête à diminuer massivement le nombre de professeurs et à liquider de moitié les postes Rased permettant de suivre les cas difficiles. Fadela Amara regarde ailleurs. Feignant de ne pas savoir qu’un plus faible taux d’encadrement dans l’école publique associé au dérèglement de la carte scolaire facilitera le repli communautaire.
Et la laïcité ? Le président a tenté de lui porter un coup en maintenant sa volonté de faire évoluer la laïcité française vers une laïcité plus anglo-saxonne, plus “positive”, destinée à miser sur l’”espérance spirituelle” plutôt que sur l’”espérance sociale”, notamment dans les quartiers populaires… Fadela Amara regarde ailleurs.
Et la lutte contre l’intégrisme ? Le gouvernement, Fadela Amara en tête, avait promis d’aider Ayaan Hirsi Ali. Qu’en reste-t-il ? Rien, si ce n’est de belles photos.
Et les droits des femmes ? Pendant que la secrétaire d’État négociait son poste, a-t-elle seulement remarqué que ce gouvernement faisait le choix d’enterrer celui de secrétaire d’État aux droits des femmes et les budgets qui vont avec ? Le fond a failli être touché avec le budget 2009, qui prévoit une diminution de 42 % des subventions attribuées aux missions conjugales et familiales, soit 20 % du budget du Planning familial. Or ce sont les conseillères du Planning - et non les militantes de Ni putes ni soumises - qui défendent au quotidien les droits des femmes face aux pressions communautaires et religieuses.
En s’attaquant à ces moyens, le gouvernement prend la responsabilité de faire reculer tous les antidotes permettant de résister aux coups portés contre les droits des femmes au nom de dieu ou de la tradition. Interpellé, Brice Hortefeux se veut rassurant et s’engage à compenser les crédits pour qu’il n’y ait aucune “fermeture ni abandon des centres locaux du Planning familial”. Espérons que Fadela Amara y veille, en ne regardant pas trop ailleurs. Caroline Fourest
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