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jeudi 29 octobre 2009

Caroline Fourest répond à Tariq Ramadan

Après la tribune généreusement offerte par Laurent Ruquier et ses équipes au prédicateur islamiste Tariq Ramadan, la journaliste d'investigation Caroline Fourest, répond à celui qui continue de berner certains médias et certaines élites politiques européennes en cachant soigneusement l'idéologie intégriste qu'il défend. Caroline Fourest qui, depuis plusieurs années, décortique le discours et les écrits de cette figure européenne de la confrérie des « Frères musulmans », a eu un très court « droit de réponse » (à 1 h 45 du matin ce dimanche 4 octobre), quelques secondes seulement avant la fin de l'émission de Laurent Ruquier.
Certains médias et certains animateurs continuent de jouer avec le feu en prenant le risque de valider les thèses d'un Tariq Ramadan en le présentant quasiment tel un représentant légitime et exclusif de la religion musulmane. Ces mêmes médias et ces mêmes animateurs se trompent sur, au moins de choses. Tariq Ramadan n'est pas un théologien et ne possède aucune légitimité pour parler au nom des musulmans. Ensuite, il est loin de représenter une voix unique et exclusive au sein de ce « monde musulman » qu'on cherche, consciemment ou inconsciemment, à homogénéiser. Il faudrait que Ruquier, ses producteurs et les chaînes du service public notamment comprennent que des musulmans démocrates existent, et je parle de ceux qui condamnent l’idéologie salafiste, y compris celle des « Frères » que Ramadan n’a de cesse de défendre, que ce soit de manière directe ou indirecte. Ces mêmes musulmans (et musulmanes) progressistes sont nombreux et même si certains pensent qu’ils ne font pas suffisamment d’audimat, leur voix mérite d’être entendue.

Interview de Caroline Fourest réalisée par Jonathan Halimi (blog) pour Télétoc

2 commentaires:

  1. Il vous a fallu neuf mois pour vous convaincre que Tariq Ramadan tenait un double discours, et vous voudriez nous convaincre que ce n'est pas vous qui le tenez ce double discours.

    Personne ne nie que les bouddhas de Bamiyan ont été détruit par une vision refermée sur elle-même et fanatisée de l'Islam, mais il faut pourtant admettre qu'ils étaient pourtant restés debout jusque-là malgré des générations de musulmans. Voulez-vous enfermer tous les musulmans dans cette vision fanatique uniformisée ?

    Êtes-vous capable de travailler à charge et à décharge ? Êtes-vous encore une journaliste digne de ce que ce terme devrait désigner ?

    Même si Tariq Ramadan était ce que vous dites, une espèce d'escroc intellectuel de haut vol, qui voudrait faire tomber les niais dans sa nasse, il vous faudrait expliquer comment il pourrait justifier la modération de ses propos qui serait en contradiction totale avec une vision fanatisée de l'Islam.

    Ou Tariq Ramadan est un fanatique ou il ne l'est pas. Il ne peut pas être les deux à la fois. Ce sont deux visions totalement contraires. Peut-on lui reprocher son appartenance familiale ? Est-ce que l'on peut reprocher aux allemands d'aujourd'hui, d'être les descendants des nazis d'hier ? Vous est-il si difficile de comprendre que l'on puisse vouloir réformer l'interprétation que nombre de musulmans font de l'Islam, sans vouloir pendre ses mêmes musulmans à des crocs de boucher ?

    Et si c'était justement le fait d'appartenir à une famille de prêcheurs musulmans même extrémistes qui avait fait de Tariq Ramadan ce qu'il est par réaction ? Vous ne pouvez nier que ses propos public sont modérés et que ces propos sont justement adressés au public.

    Si vous brûlez Tariq Ramadan en place de grève, qui restera-t-il pour tenir le discours qu'il tient, celui d'un modéré ? Qu'est-ce qui empêchera, alors, de livrer les musulmans occidentaux en occident au sort qui fut celui des juifs précédemment, et qui furent condamnés à mort par un régime qui tenait le même discours que le vôtre ?

    Vous pouvez le chantez sur les toits, le danser dans la rue, si Tariq Ramadan est ce que vous dites, alors votre motivation est toute aussi suspecte que la sienne.

    Tariq Ramadan n'est pas seulement un musulman, mais c'est aussi un philosophe. Il peut avoir une vision de l'intérieur sur ce qu'il est, et il peut également avoir une vision extérieure de philosophe sur l'Islam. Une vision sans complaisance, capable de réformer l'Islam parce que justement il est audible par ses coreligionnaires.

    Doit-on exterminer l'espèce humaine, parce que d'autres êtres humains se sont rendus coupables de poser des actes inéquitables ou carrément discriminatoires envers une espèce qui est la même que la leur ?

    Si vous voulez exterminez les musulmans, dites-le, et ne tournez pas autour du pot en essayant de discréditer le seul musulman qui soit capable de réformer l'Islam en profondeur afin qu'une cohabitation, inévitable aujourd'hui, soit possible avec une culture qui n'est pas la nôtre.

    Le monde change et Tariq Ramadan fait sa part. Dans "l'affaire" de son licenciement de l'université de Rotterdam, vous dites que ce licenciement est dû à un financement d'une émission à laquelle il participait, par le gouvernement iranien. Mais est-ce le gouvernement iranien qui dicte le propos de Tariq Ramadan ? Si c'était le cas, alors il faudrait revoir notre appréciation sur le gouvernement iranien qui serait du coup bien plus modéré que la vision que nous en avons, même après la répression sanglante de ses opposants qui est ultérieure au financement de l'émission.

    à suivre (post trop long)

    Pierre Meur,
    Libre-penseur et humaniste

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  2. Suite du post précédent

    Comment peut-on amener le gouvernement iranien à devenir "potable" ? En lui lançant quelques bombes nucléaires pour le rendre raisonnable ? Si je devais dialoguer avec un serpent pour changer le monde, je dialoguerais, parce que le seul autre moyen, ce n'est pas de lui dire "vous êtes méchant, monsieur", mais de lui opposer une force supérieure à la sienne donc plus méchante encore.

    Je crois que Tariq Ramadan est un pragmatique qui ne se laisse pas aveugler par le ressentiment, jamais. Il dialoguerait avec le diable, s'il le fallait, mais pour obtenir de véritable acquis pour toute l'espèce humaine et pas seulement pour les musulmans.

    Vous me sidérez, Caroline Fourest !! Je ne crois pas que vos intentions sont malsaines dans leurs intentions, mais la conséquence de vos propos présentent plus d'effets indésirables que d'effets désirables.

    Il faut réduire l'équation Tariq Ramadan à sa plus simple expression et ne pas tomber dans l'anecdotisme pour redéfinir Tariq Ramadan.

    Je suis non-musulman. Je suis libre-penseur. Lorsque j'ai senti qu'une boule me fouillais les entrailles et qu'une haine antimusulmane montait en moi, ce n'est pas Tariq Ramadan que j'ai lu, c'est la source de l'Islam, le Coran que j'ai lu, et il m'a fallu trois lecture dans trois versions que je lisais en parallèle pour comprendre que le Coran ne se lit pas dans le détail mais dans une cohérence globale qu'il faut arriver à en faire, sinon on prend parti pour, ou on prend parti contre.

    Alors seulement, il apparaît que l'Islam était une réponse aux temps pré-islamiques d'abord, et qu'il contient en lui-même de quoi s'adapter à notre temps également. Il n'est pas la seule réponse humaniste, mais il est une des réponses de ce type. On peut en faire une lecture fanatique, mais on peut également en faire une lecture humaniste. Le Coran possède des degrés de lecture, qui vont de la plus primaire à la plus humaniste. Le Coran, c'est comme l'univers. Il est relativiste et tout le contraire d'un dogmatisme.

    Dans toutes les interventions de Tariq Ramadan, je ne l'ai jamais vu en contradiction avec ma propre compréhension de l'Islam. Je dirais même qu'il me dépasse de cent coudées. Ce qui n'est que normal, puisque l'islamologue, c'est lui. Si vous vous étiez donné la peine de lire le Coran, vous sauriez que j'ai raison, et plus encore que Tariq Ramadan à encore plus raison que nous deux ensembles.

    Vous vous trompez de combat, Caroline Fourest. Vous combattez votre meilleur allié contre l'obscurantisme. Posez-vous la question de savoir si vous êtes d'abord un être humain, ou si vous êtes Caroline Fourest d'abord. Caroline Fourest, Tariq Ramadan, ou moi-même, nous disparaîtrons, mais l'humanité persistera tant qu'il y aura un être humain. Tariq Ramadan est dans l'avant-garde de la pensée. Vous et moi, nous tentons encore de sauvegarder des valeurs d'un autre temps qui nous rend sourd à toute autre valeur, dont il faut bien admettre qu'elles sont humaines également.

    Il y a un milliard et demi de musulmans dans le monde. N'y en aurait-il qu'un seul qui puisse prétendre à une intelligence supérieure à la nôtre, c'est sa vision de l'Islam que je privilégierais. Parce que sa vision est capable de réformer la vision de l'Islam de tous les autres.

    Le scepticisme tue la confiance, et sans une confiance qui se donne généreusement à l'autre, nous devenons tous des ennemis potentiels qui exigeons des preuves de bonne foi des autres, sans remettre notre propre bonne foi en doute. Sans la confiance rien n'est possible, et c'est la raison même de faire des enfants qui ne se justifie plus.

    J'ai un gosse, et vous ? Si c'est pour la jeter dans le monde que vous décrivez, alors je préférerais encore lui ôter la vie moi-même.

    Pierre Meur,
    Libre-penseur et humaniste

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