SOS Racisme Partenaire de Quat'rues

vendredi 20 mai 2011

Délinquance, Agressions racistes, Chants et Saluts nazis… La « Marche des cochons » a finalement eu lieu !!


Après l’interdiction préfectorale de la « Marche des Cochons », les groupuscules d’extrême-droite étant à l’initiative, l’ont transformé en « rassemblement des libertés ». Le résultat fut éloquent…


Il a finalement été bien peu question de liberté d’expression ou de manifestation lors de ce rassemblement. Bien qu’aucun masque de cochon n’a été sorti, la stigmatisation des musulmans de France et les discours haineux ont bien étés au rendez-vous. Et bien sûr la violence aussi.

Les responsables Identitaires, comprenant leur intérêt médiatique, ont tout tenté pour contenir leurs troupes, mais une fois la manifestation commencée, ils n’ont rien pu ou voulu faire :
- saluts nazis aux cris de « Sieg Heil » durant tout l’après-midi devant l’ancien Palais de Justice ;
- slogans nazis dans les bars autour du rassemblement identitaire où se sont enivrés les manifestants avant de passer à l'action ;
- saccage par une centaine de personnes  des devantures de plusieurs commerces « censés » être tenus par des immigrés ;
- agressions systématiques des passants sur les pentes de la Croix-Rousse de 19h à 3h du matin ;
- actions commandos avec vandalisme et hospitalisation à la clef, dans des bars un peu trop « exotiques » ou censés être un peu trop politisés,…

Ce bilan des violences commises par les participants au rassemblement identitaire est conséquent ! Les Identitaires ont beau nier leur implication dans ces évènements, rejeter la responsabilité sur la Préfecture, incriminer des supporters de football ou même minimiser les faits en les comparant aux violences commises dans les quartiers populaires, rien n'y fait!! La preuve est une nouvelle fois apportée : malgré l'image politiquement correcte qu'ils veulent se donner, les Identitaires ne sont qu'un groupuscule d'extrême-droite. Le discours officiel a beau être bien rodé, l'officieux s’est exprimé en fin de journée.


Cette déroute est aussi celle de la Préfecture qui, ce soir-là, est allée d’échec en échec.
Non seulement les violences ont eu lieu, alors que les services préfectoraux avaient annoncé mettre en œuvre tous les moyens pour les éviter, mais les discours appelant à la haine ont eu le champ libre.

Contrairement à la « marche des cochons » qu’il avait interdit, suite à notre demande, le Préfet a autorisé le « rassemblement pour la défense des libertés » alors que les conditions étaient exactement les mêmes. Ce choix tactique de la Préfecture pour éviter les affrontements et mieux contrôler le rassemblement a été une erreur. Nos trois associations l’avaient pourtant alerté la semaine dernière sur les risques de troubles à l’ordre public que comportent les manifestations organisées par ce groupuscule d’extrême-droite.

Si les services préfectoraux ont correctement encadré la manifestation, ils n’ont pas assuré la sécurité des Lyonnais. Après avoir été repoussés du « pont La Feuillée », les militants d’extrême-droite ont saccagé des commerces de St Jean. La Préfecture, après avoir emmené ces manifestants aux commissariats pour de simples contrôles d’identité, les a laissés partir dans leur grande majorité. Ceux-ci ont alors pu continuer, semant la panique et la peur sur les pentes de la Croix-Rousse toute la soirée, agressant des passants sans être inquiétés par la police. Ils ont ainsi pu conclure leurs actions commandos dans un bar où avait lieu un concert de musique sénégalaise. De nombreuses personnes ont été agressées dont une dizaine hospitalisée. Elles n’ont eu que le malheur de se retrouver sur le passage de la « marche des cochons » !!

La Préfecture du Rhône avait également pris l’engagement de considérer les organisateurs comme responsables de tous propos, actes ou violences. Pourtant, un groupe de 30 personnes a pu, sans être inquiété, effectuer des saluts nazis tout l’après-midi devant l’ancien Palais de Justice. Nous attendons maintenant de voir les suites judiciaires qui seront initiées contre les responsables des violences de samedi.


Si nous demandons à la Préfecture de prendre ses responsabilités, nos trois associations prennent les leurs. En plus des actions de fonds que nous menons tout au long de l’année au sein des établissements scolaires ou extra-scolaires et en soutien aux personnes victimes de racisme, des actions spécifiques contre l’extrême droite sont mises en place par la LICRA au stade de Gerland, par SOS Racisme dans les Monts du Lyonnais et par la Ligue des Droits de l’Homme auprès des Roms ou pour les sans papiers.

D’autres formes de mobilisation doivent être mises en place pour lutter contre l’extrême-droite, à commencer par un travail au jour le jour et sur le long terme. Le combat contre la haine extrémiste ne peut se satisfaire d’actions ponctuelles, aussi unitaires soient elles, en réaction à des situations dramatiques et urgentes.
-          Nous appelons ainsi les partis politiques à sortir du discours de tolérance pour passer à l’action. Un travail acharné doit être effectué à la fois pour répondre aux attentes des populations précaires et des ouvriers, tout en combattant sur le champ des valeurs et du projet les manipulations sémantiques faites par l’extrême droite.
-          Nous appelons les syndicats à mener un travail de fonds pour que la tolérance et le respect soient les premières valeurs défendues par leurs membres.

Devant la situation actuelle et parce que nous devons apporter de nouvelles réponses, la LICRA, SOS Racisme et la Ligue des Droit de l’Homme s’associent et annoncent des poursuites judiciaires contre les différents groupes de l’extrême-droite Lyonnaise. Ainsi :
-          Une plainte pour provocation à la haine raciale est d’ores et déjà déposée contre l’action des identitaires contre le Quick Hallal de Villeurbanne en mai 2010.
-          Nous avons demandé une enquête judiciaire afin de faire la lumière sur les actions entreprises au local néo-nazi de Gerland. Nous travaillons à d’autres démarches afin d’obtenir la fermeture de ce local.
-          Des poursuites judiciaires sont engagés contre des membres du Front National :  contre un élu au Conseil Régional pour la participation présumée à une « ratonnade » dans les rues de Paris en 2007 et contre un candidat FN au élections cantonales à St Laurent de Chamousset pour la participation à des tags racistes


Dans un contexte de crise sociale sans précédent, notre modèle républicain est aujourd’hui en crise. Pour la Ligue des Droits de l’Homme, SOS Racisme et la Licra, la réponse ne peut se trouver dans un repli communautaire, qui en opposant les individus les uns aux autres est la négation de la République, mais au contraire par un approfondissement de nos droits et libertés, qui doivent permettre de nous dépasser collectivement pour mieux nous accomplir, c’est le sens de notre République.

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