« Puisque tu aimes tant les Nègres, dégage et emmène-les avec toi. Laisse les Andelys aux Français. On veut plus de vous. Citoyens andelysiens, ne nous laissons plus envahir. Donnons à notre ville une sécurité et une joie de vivre. » Des menaces de ce type, la maire (PS) des Andelys (Eure), Laure Dael, a l’habitude d’en recevoir dans sa boîte aux lettres ou à la mairie. Mais, nous a-t-elle expliqué hier, « les Andelysiens en colère, comme ils se sont baptisés, sont montés d’un ton cette fois-ci, et c’est très inquiétant pour l’avenir ». Une cinquantaine de tracts ont en effet été placardés, lundi dans la nuit, sur des édifices publics (mairie, sous-préfecture, la poste), ainsi que sur les vitrines de certains commerçants et les panneaux d’affichage. De privé, les propos racistes s’exposent dans la rue, suscitant de vives réactions d’indignation parmi la population. Cela fait maintenant deux ans que la maire reçoit des insultes, voire des menaces de mort à son encontre ou à celle de sa famille, depuis qu’elle a loué des locaux municipaux à la communauté musulmane. « Quand j’ai été élue, il y avait une collégiale et un temple protestant dans la ville, mais aucune salle de prière n’existait pour les musulmans, j’ai réparé l’injustice », justifie-t-elle. Une enquête de police est en cours, suite au dépôt de plainte de la maire, soutenue par SOS racisme qui s’est porté partie civile dans l’affaire. « Dans la dernière lettre que j’ai reçue, ils me disaient qu’à une époque pas si lointaine, j’aurais été tondue, que je le méritais… C’est révoltant de juger quelqu’un par rapport à sa couleur, sa religion ou son origine ethnique, nous sommes tous égaux. Je me battrais pour cela. »
Céline Trégon
Des affiches racistes aux Andelys - l'Humanite
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