Président de SOS Racisme, Dominique Sopo, explique les raisons pour lesquelles il souhaite que Nicolas Sarkozy interrompe le débat sur l’identité nationale.
Pourquoi demandez-vous l’arrêt du débat sur l’identité nationale alors que de plus en plus de personnalités souhaitent sa suspension ?
On demande son arrêt dans la mesure où le débat est posé dans des termes qui ne pouvaient que déboucher sur des dérapages. Le lien fait d’emblée entre immigration et identité nationale ainsi que toutes une série d’interventions de responsables de la majorité qui ont surfé sur ce lien ont, par exemple, amené à une stigmatisation très nette des musulmans.
Pourtant, Nicolas Sarkozy considère que c’est un débat «noble»…
Les débats peuvent, en général, être nobles. La France a déjà posé des débats de philosophie politique qui ont été menés de manière sereine. Je fais ici référence au débat de 2005 sur la laïcité, qui fut apaisé et mené par des républicains de tous horizons. Et même ceux qui ont critiqué les conclusions de ce débat reconnaissent qu’il a été mené de manière digne. Aujourd’hui, on constate qu’Eric Besson a commis deux fautes : une faute sur le plan de l’éthique républicaine, qui ne peut admettre que la République mette ses moyens à disposition d’une parole raciste ou stigmatisant une partie de la population. Le ministre a également commis une faute politique vis-à-vis de son propre camp qu’il a placé dans un embarras certain.
A quoi attribuez-vous les multiples dérapages verbaux observés ces derniers temps ?
Ils proviennent de la manière dont le débat a été lancé. On voit des logiques de boucs émissaires qui se mettent à l’œuvre pour conjurer les angoisses liées à la crise, à la mondialisation ou à l’évolution rapide de notre société. Le rôle du responsable politique n’est pas d’attiser ces peurs, mais au contraire de faire en sorte qu’elles soient surmontées. On sent bien chez un certain nombre de personnes, la volonté de parler de certaines thématiques pour ne pas avoir à affronter les réalités économiques et sociales dégradées que vivent beaucoup de Français.
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