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jeudi 25 novembre 2010

Dérapage d'Hortefeux à Seignosse : le Dacquois Amine Benalia-Brouch livre sa vérité

[VIDEOS] Dans un livre à paraître demain, Amine Bénalia-Brouch livre sa vérité sur les dessous des dérapages verbaux de Brice Hortefeux à Seignosse l'an dernier. Aujourd'hui, il n'écarte pas l'hypothèse de porter plainte contre lui. Interview

 Amine Benalia-Brouch  : "On m'a lâché" (photo Philippe Salvat)

Amine Benalia-Brouch : "On m'a lâché" (photo Philippe Salvat)

Amine Bénalia-Brouch n’est pas Auvergnat. On le savait. Il n’est plus adhérent de l’UMP. On le sait un peu moins. En revanche, en rendant sa carte, ce jeune Dacquois de 23 ans a retrouvé la parole. La sienne. Un an après le dérapage de Brice Hortefeux à Seignosse dans les Landes, il raconte, dans un livre qui paraît demain (1), les dessous de cette petite phrase qui a fait le tour du monde : « Quand il y en a un, ça va, c’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. » Le titre de cet ouvrage annonce la couleur: "Confessions d'un Sarkozyste repenti".

«Sud Ouest». Ce livre est-il un règlement de compte avec l’UMP ?

Amine Bénalia-Brouch. Non. C’est un livre pour raconter ce que j’ai vécu pendant un an. C’est juste une mise au point avec ma dignité car je n’étais plus moi-même. Je le dis très clairement : j’ai menti. Je m’excuse auprès des gens que j’ai pu blesser par ma complaisance à l’égard des propos du ministre que j’aurai dû condamner.

Pourquoi avoir attendu si longtemps?

Parce que j’ai vécu dans l’angoisse et la peur. On ne m’a pas dit qu’il ne fallait pas dire la vérité, on m’a dit qu’il fallait dire autre chose.

Sur le moment entendez-vous Brice Hortefeux dire : « Il ne correspond pas au prototype » et la phrase qui fait la couverture de votre livre « Quand il y en a un, ca va, c’est quand il y a beaucoup qu’il y a des problèmes. »

En fait, j’ai compris à la permanence de l’UMP quand le journaliste du Monde m’a appelé et m’a demandé de me connecter pour regarder cette vidéo. C’est là que j’ai réalisé ce qui s’était réellement passé. J’ai les larmes qui sont montées et cette boule qui m’a pris à l’estomac et qui ne m’a pas lâché durant un an.

Vous écrivez que c’est Marie Aphatie, la secrétaire départementale des Landes, qui vous a proposé la version des Auvergnats…

Elle a inventé cette version. D’ailleurs quand je suis allé dans le bureau de M. Hortefeux, il m’a dit : « Vous avez bien fait de parler des Auvergnats, je n’y aurai pas pensé. »

Très vite vous postez vous-même une vidéo pour dédouaner Brice Hortefeux. Une vidéo dont vous écrivez qu’elle a été commandée par un cadre de l’UMP…

J’étais chez un ami et Edouard Courtial, secrétaire national aux fédérations, m’appelle et me dit : « Amine est-ce que tu peux faire une vidéo pour dédouaner le ministre et te dédouaner toi, comme ça tout s’arrête. » A ce moment-là : mon but est que tout s’arrête. Je lui fais confiance. Donc je fais cette vidéo. Il m’a donné son adresse mail pour que je lui envoie. Ce que j’ai fait. Il m’a rappelé et m’a dit : « C’est ok ».

A partir de là, vous devenez une cible. D’abord cette vidéo est parodiée, puis vous recevez des menaces de mort. Comment l’avez-vous vécu ?

Mal. Ça a renforcé mon sentiment de peur. Un sentiment que j’éprouve toujours. On ne peut pas rester indifférent à une vidéo me montrant avec une kalachnikov sur la tête, ou face à des gens qui donnent mon adresse sur internet pour qu’on vienne me lyncher. A la sortie d’une discothèque à Dax, j’ai été molesté et insulté. Heureusement que j’étais avec des amis.

Où en est l’enquête concernant ces menaces de mort ?

Pour ça, il faut s’adresser au procureur de la ville de Dax. Je l’ai rencontré une fois dans son bureau. Je ne pense pas qu’il ait le sentiment de vouloir poursuivre ces gens qui ont pourtant reconnu les faits. Et ça m’embête.

Brice Hortefeux vous a reçu deux fois. Quels ont été vos contacts ?

La première fois, j’ai perdu toute ma journée. Et quinze minutes dans son bureau. Je n’ai pas eu d’explication. Je lui ai dit aussi que professionnellement c’était difficile. D’ailleurs, un jour son directeur adjoint de cabinet m’appelle et me dit : « M. Bénalia on vous a trouvé un travail. Il va falloir que vous déménagiez à Bayonne pour travailler dans une filiale de la Poste pour distribuer des prospectus dans les boîtes aux lettres. » J’ai refusé. Et j’ai trouvé un emploi dans une brasserie à Dax.

Vous racontez un échange que vous eu avec Brice Hortefeux peu avant le procès intenté par le MRAP. Et vous citez une phrase pour le moins étonnante, il vous déclare : « Quand il y a justice, il y a danger »…

Je lui disais : « Monsieur le ministre je ne pense pas qu’un juge prendrait le risque de vous condamner ». Et il m’a dit « Vous savez Monsieur Bénalia, là où il y a justice il y a danger ». Ça m’a choqué.

C’est d’ailleurs à la suite de cette seconde entrevue que vous avez décidé de parler…

Ça a fait tilt car il n’était pas sûr de lui. Je me suis dit que c’était le moment où jamais de sortir de ce bourbier. Lors de cet entretien, il y avait beaucoup de silence. Quand je lui ai dit que j’étais menacé de mort, il me répondait : « Ah bon ». Quand je lui ai dit que j’avais été molesté, il m’a répondu : « Ah bon ». J’attendais des excuses que je suis allé chercher en privé.

Depuis, vous n’êtes plus adhérent de l’UMP. Est-ce à dire que vous n’êtes plus en phase ?

Il y a une dérive vers des idées de l’extrême droite pour des buts électoralistes. Ça a commencé avec Nadine Morano et sa phrase sur les jeunes qui portent leurs casquettes à l’envers. Puis la burqa. Puis, la stigmatisation des Roms. Des gamins que l’on déménage à coup de tractopelle, je n’aime pas.

Vous avez rejoint Dominique de Villepin. Voilà un argument pour vos adversaires...

Une fois pour toute. Je ne suis pas manipulé : ce choix je l’ai fait par moi-même. Je n’ai pas eu de contact. Je suis jeune et j’ai le droit d’être gaulliste et Dominique de Villepin représente aussi un peu de cohésion sociale.

Êtes-vous soulagé à présent?

Oui et moins angoissé. La peur est encore là. Mais quand les gens liront ce livre, ils prendront conscience de ce que j’ai vécu. Que je n’ai pas cherché les projecteurs. On m’a utilisé, on m’a manipulé, on m’a lâché et on a failli me lyncher.

Y-a-t-il eu des pressions autour de ce livre ?

Avec mon éditeur nous échangions des mails. Au début tout allait bien. Puis à la fin il fallait quatre cinq six mails pour en reçevoir un et quand je le recevais il était tout barbouillé. Coïncidence ?

Brice Hortefeux a fait appel de sa condamnation pour injure raciale (suite à une plainte du MRAP, NDLR). Irez-vous à cette nouvelle audience ?

La première fois je ne me suis pas déplacé. Mais maintenant j’assume. Alors je me déplacerai à son appel. Et si on a besoin de mon intervention je serai là.

En lisant votre livre, on se dit que vous allez, à votre tour, porter plainte contre Brice Hortefeux. C’est la prochaine étape ?

C’est une hypothèse que je n’écarte pas.

(1) Confessions d'un Sarkozyste repenti aux éditions Jean-Claude Gawsevitch, 17,90 euros


Quand Brice Hortefeux dérape
envoyé par lemondefr. - L'info internationale vidéo.



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